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24 février 2014 1 24 /02 /février /2014 18:18

 

TRANSOMANIA 2014

1° édition

  

Mes baskets m’entraînent au Sultanat d’Oman en ce début d’année, pour la 1° édition de la Transomania, organisée par Cyril Fondeville de RSO, 285km non stop avec 6000m de dénivelé, moitié en montagne et moitié dans le désert. On part de la plage et on arrive sur la plage, donc on descend autant qu’on monte.déniveléLes points de ravitaillement sont situés tous les 25 à 30km, on y trouve de l’eau, pas toujours chaude, et quelques fois une tente sans natte, ni matelas, ni couverture. On a le droit de déposer un sac au milieu de la course.

Le matériel obligatoire comprend entre autre un sac de couchage et 6000kcal à ingurgiter, et surtout à porter. Mon sac de couchage sera une petite couverturemédaille oman polaire, autorisée, plus légère que mon sac de couchage. Elle pèse 300g. Quant aux menus, légers et caloriques, j’ai opté pour de la purée et des nouilles chinoises avec des sauces déshydratées, des céréales et des oléagineux en poudre. J’ai mes 6000kcal, pas une de plus. Nous devons également quitter chaque avec 3l d’eau.

Pour porter tout ça, un sac de 10 litres fait l’affaire.

Je fais le choix de ne pas prendre de bâtons, de partir avec des chaussures de montagne et de mettre celles du désert avec les guêtres dans le dropbag, bien qu’on ait un CP de sable avant de pouvoir le récupérer. La course étant balisée, je ne prends pas de GPS, ce qui sera une grosse erreur.

Pour rejoindre Muscat de la Réunion, il faut une nuit et 3 avions. Je n’ai pas de décalage horaire. J’arrive à Oman le samedi matin, pour un rendez-vous le dimanche midi à l'hôtel de l'organisation de la course. Je m’y rends le matin et j’en profite pour visiter la Grande Mosquée juste à côté. J’y rencontre une dame omani, avec sa grande robe noire et son voile sur la tête. Elle a deviné que je suis une coureuse de la Transomania !

Puis je barbote dans la piscine pour attendre l'heure du départ. Je suis la seule.

Il y a 3 courses : 285km, 200km et 130km. On est 48 sur la 285 qui réunit le plus de coureurs, et 12 nationalités en tout, en majorité des français et des italiens.

Je retrouve Marta l’italienne, avec qui j’ai déjà couru en Namibie et en Chine. Il y a aussi Roberto et Paolo, également italiens, et Isa l’infirmière, que j’ai déjà rencontrés en Egypte.

Je ne connais pas les autres, mais certains me connaissent de réputation. campement départ 2

Après 2h de bus, nous arrivons au campement de White Beach, sur une belle plage, au nord de Muscat. Ce sont des tentes de 2, et je partage la mienne avec Brigitte, une allemande.

Toilettes inédites : Nous avons le droit à un petit siège pliant, dont l'assise est percée, avec un sac en plastique dessous. Le tout au milieu d'une petite tente. Ahmed, mister caca, est chargé de changer le sac en plastique à chaque utilisateur. Bilan : c'est très propre et somme toute agréable, sauf en pleine nuit quand Ahmed dort.

On n'a pas mangé à midi, les petits gâteaux aux dattes du goûter sont les bienvenus.

Nous avons le reste de l'après-midi libre. Je fais trempette dans la mer d'Oman. Elle est à 22°C en plein hiver.

La nuit tombe à 18h, et il fait tout de suite beaucoup plus frais. On a un buffet le soir, omani donc indien.

La mer fait un boucan d'enfer pour dormir. J'avais prévu, je mets les boules quies.

Le dimanche, je me lève avec le jour, à 6h. Le lever du soleil sur la mer est magnifique.

On a de la confiture de dattes au p'tit déj. C'est délicieux, avec le pain genre chapati.

Contrôle du matériel obligatoire. Mon sac de couchage spécial Transomania n’est pas ouvert, le détail des fameuses calories n’est pas passé au crible. Côté médical, Isa me connaît, pas besoin d’interrogatoire, ni de CV e coureuse, ni de conseils de gestion de course.

On nous donne une balise GPS, pour pouvoir être suivi sur internet, et avec un bouton "au secours". C'est petit et léger, et il n'y a pas de piles de rechange à porter.

Le départ est prévu le soir à 21h. Je n'aime pas partir le soir, à l'heure où je vais me coucher.

Le repas du soir n'était pas prévu dans l'organisation, j'ai amené le mien. Mais tous les coureurs râlent, si bien que Cyril fait préparer des pâtes.

Certains coureurs sont déjà prêts pour le départ. Pas moi. Je m'élastoplaste au dernier moment. J'en mets aussi sur les orteils, ceux qui sont faibles. Quand aux chaussures, vraiment au dernier moment. On les aura assez longtemps sur les pieds.

Et voilà 21h le lundi soir, c’est le départ. On commence par un prologue de 4km,montagne 11 c’est-à-dire que le chrono est déclenché dans 4km, et qu'on attend les derniers pour partir tous ensemble. Je décide donc de faire ce prologue en marchant, pas la peine de s'épuiser pour rien.

Je me retrouve dans le peloton de queue, 2 marcheurs derrière moi et le serre file. Je rejoins Sandy, qui file tout droit dans un wadi (un lit de rivière à sec) sous la voie express. Je m'aperçois vite que nous ne sommes pas sur le bon chemin. Personne devant, pas de balisage. Si si c'est tout droit disent les autres. On arrive au fond de la rivière, il faut faire de l'escalade. Impossible. On s'est paumé. A 2km du départ. Le serre file de l'organisation est aussi perdu que nous, il ne connaît pas le parcours. Me voilà bien. J'aurai mieux fait de courir un peu. Les GPS donnent toutes les directions possibles, personne n'est d'accord. Ca doit mal capter entre les falaises. Demi-tour, et on reste groupés svp. Pas facile de faire respecter cette consigne. On finit par retrouver le bon chemin. Ouf ! Il fallait sortir de la rivière avant la voie express. On reste ensemble jusqu'au prochain village, mais ils sont lambins, mes copains d'aventure. Je suis sûre que le départ a été donné sans nous attendre.

On retrouve l'organisation au dit départ. Effectivement, on ne nous a pas attendus ! Fichtre, quelle erreur stratégique ai-je commise ! Et bien, les choses sérieuses peuvent commencer ! Je suis 48° sur 48 !

montagne 13On attaque par "le mur", une grimpette de 1500m de dénivelé, très réputée. En fait c'est une piste de 4x4, avec certes quelques portions bien raides. J'abandonne mes lambins, et j'attaque la montée, bien plus vite que je n'avais l'intention de la faire initialement. Mais j'ai combien de retard sur le gros de la troupe ? Il faut que les rattrape ! Tant pis si je le paye plus tard, je m'adapterai à ce moment-là. Je vois les 3 lampes des copains qui s'éloignent derrière, dans les virages de la montée, et les lumières de la côte qui rapetissent.

J'arrive d'un bon train au CP1, vers minuit, un simple 4x4 en haut du col. Je fais le plein d'eau et je repars dare-dare. Je demande si les autres sont loin devant. Non non, tu ne vois pas leurs lampes là-bas devant? Non, je ne vois que des étoiles. Et ce sont bien des étoiles, pas des lampes.

En tout cas, je ne sens pas le froid de la nuit et de l'altitude. Je reste maintenant sur une zone d'altitude moyenne constante, mais qui est en fait une succession de montées et descentes. Impec pour courir et se dérouiller les jambes dans les descentes.

Je scrute les lumières devant, mais il n'y a toujours que les étoiles.

Voici quelques maisons endormies, avec l'incontournable 4x4 devant. Que vois-je ? Une lumière verte, une jaune, une qui clignote, là, pas loin devant. Des coureurs ! Ou plutôt des marcheurs. Nous avons obligation d'avoir un stick lumineux la nuit à l'arrière du sac. Je rattrape et dépasse allègrement les 4 marcheurs, avec un grand salut et un sourire fendu jusqu'aux oreilles, et je les laisse en plan. Il y a Claudine et Marta dans le lot. Je ne suis plus presque dernière ! Ouf ! Ca me requinque !

Je suis maintenant dans une belle descente qui me mène à un village. Je lemontagne 15 traverse tout droit, et je trouve que la piste se dégrade. Ca remonte, et j'arrive aux dernières maisons, et à un cul de sac. Je suis dans le noir complet, seuls les yeux phosphorescents des chèvres que je réveille m'entourent. Encore perdue !

Demi-tour dare-dare vers l'entrée du village, il fallait tourner à gauche. Pourvu que mes 4 marcheurs ne m'aient pas re-dépassée ! Ce serait le comble.

C'est tout de même difficile de voir les rubalises dans la nuit. L'intersection n'était pas franchement bien repérée. Mais le moral est bon et je repars d'une bonne foulée. Ca remonte, ça redescend, et de nouveau des lumières vertes ou jaunes, voire bleues. Ils marchent tous, je cours et je double, avec un grand salut de rigueur. Et je m'éclate dans les descentes.

Me voici arrivée au CP2, tout en haut. Il y a du peuple. Il y a un grand feu réconfortant, car il ne fait pas si chaud que ça quand on s'arrête. Ce CP est sensé être sans eau chaude. Néanmoins des bouteilles d'eau sont à côté du feu, fournissant de l'eau tiède. Ca râle parmi les coureurs, car elle n'est pas assez chaude pour les lyophilisés ou les pâtes. Peu m'importe, j'avale un peu de noix et amandes en poudre, je n'ai pas besoin d'eau. Je suis 30° maintenant, je ne tarde pas pour repartir.

montagne village 4Le jour se lève peu de temps après. Je découvre une vallée, bordée de parois raides, très minérale, que du caillou rouge. Un village de temps en temps avec quelques arbres, les enfants font signe.

Que c'est beau !

Je galope et je double inlassablement.

On rejoint une autre vallée, je traverse un wadi, avant d'être au pied d'une montéemontagne 12 costaud. 800m de dénivelé m'attendent. Je les attaque allègrement. Je commence à avoir un petit creux, je grignote en marchant. Tiens, c'est Brigitte que je rattrape, flanquée de Didier le belge.

Je pensais que la barrière horaire était à 12h au CP5, je ne fais jamais attention à ce genre de chose normalement, mais Didier me rassure, c'est au CP4.

A l'entrée du village, j’atteins le CP3. Juste une table et une natte par terre, en plein soleil. Il y a quelques biscuits pour nous réconforter. C'est parfait.

Brigitte et Didier arrivent, en courant, pour le principe disent-ils. Vu la pente, ils devraient mettre les principes de côté !

Je repars rapidement. Le CP suivant n'est qu'à 4km. Je traverse le village, calme, et ça continue de grimper assez raide jusqu'à un petit col, dans cet univers de pierres.

montagne CP4Le CP4 est en tout en haut. Nous sommes à 2000m d'altitude. C'est la fin du parcours sur la piste, après ce sera un sentier.

J'enlève une couche d'élasto sur le ventre qui me serrait trop, ça me donne envie de vomir, et je m'en fais remettre une dans le dos et sur les épaules, il est encore temps avant que ça ne frotte trop. Je n'ai pas pris de bidons dans les bretelles du sac, car ça me fait toujours mal aux épaules, et j'aurai beaucoup moins de frottements que d'habitude, que ce soit dans le dos, sur le ventre, les épaules, le cou. Bref, j'ai la totale d'habitude. Cette fois, c'est vraiment beaucoup mieux. Chouette, quel confort !

Je suis maintenant 17°. Ce n'est pas une belle remontée ça ? Je ne sais pas si j'arriverai à rattraper ceux de mon niveau, la seule référence théorique que j'ai est Florence, et je ne sais pas si elle est loin. Je ne regarde même pas sur la feuille deisa CP5 6 pointage, je préfère rester dans mon tempo sans me poser de question. Il est 10h, nous sommes mardi, et j'ai atteint la 1° barrière horaire du parcours qui est fixée à midi. Je n'y suis tout de même que 2h avant, c'est bien la 1° fois que je suis si proche d'un temps limite.

Je fais la connaissance de Pascal à ce CP, un réunionnais de l'organisation qui vit à Oman. Il est enchanté de trouver une compatriote.

montagne 3Voilà la partie la plus intéressante du parcours qui s’annonce : de la montagne et du sentier. Le balisage est sommaire, des gros carrés jaunes et blancs, mais très espacés, et des points oranges entre les deux sur les cailloux. Ca commence par une bonne descente dans un pierrier. Ouvrons les yeux pour repérer les fameux points oranges. Les mecs descendent avec précaution, je double toute la bande.montagne CP5 3
On est sur un plateau en crête qui domine tout le coin. C'est superbe.
Ca monte et descend sans cesse. C'est super. Vraiment je m'éclate.
J'arrive sur un petit sommet, un groupe de touristes français m'encouragent. Ils sont babas de voir passer là des coureurs.
Et je tombe sur... Florence ! Elle est perdue et cherche désespérément son chemin. On fait un bout de route ensemble. Quelle surprise quand elle m'annonce qu'elle est en 3° place des féminines, car du coup, moi aussi ! Mais je vais plus vite qu'elle. Aussi quand le sentier devient bien tracé, je pars devant. Je passe une barre rocheuse et j'arrive en haut de la grande descente qui nous ramène tout en bas dans la vallée. Quel magnifique pierrier s'étale devant moi ! Mais où sont les marques oranges ? Invisibles ? Je prends à droite, à gauche, je descends, je remonte, et que ça monte ! Tout ça dans les cailloux, 1 fois, 2 fois, 3 fois, et alors, elles sont où ces marques ? Je vais devoir attendre Florence pour m'en sortir ? Et bien justement, la voilà. Elle trouve la bonne voie, là, de l'autre côté de la petite ravine.
montagne CP5 5On décide sagement de descendre ensemble. Elle donne l'orientation générale avec son GPS et je repère le marquage, qui nous évite de tomber sur des à-pics infranchissables. Ce n'est que de la caillasse, avec des passages de grandes dalles pentues. Dommage qu'on soit obnubilées par la pensée de ne pas se perdre, ça gâche la beauté du paysage. Mais je descends plus vite que Florence.

On passe près d'un troupeau de chèvres. Puis on croise un jeune ânier avec son âne. Il ne parle pas anglais, mais nous demande de l'argent. Etonnant dans un pays de nantis. Il ne doivent pas l'être tant que ça dans les montagnes. A moins qu'il ne soit pakistanais.
Le chemin est maintenant bien visible. Je lâche Florence et descends dare-dare. Je longe une grande ravine en surplomb qui plonge directement dans la vallée. Oui, c'est superbe.

Je croise un troupeau d'ânes. L'ânier me fait comprendre que c'est moi qui dois me pousser, avec un grand sourire et des gestes sympathiques.

WBK 1Ah ça y est, je vois le village et "les piscines", de magnifiques bassins bien propices à la baignade. On passe à côté du village, les rubalises me guident maintenant sans problème. Ca y est, je suis près de l'eau. Les photographes de la course débarquent. C'est le CP5, Wadi Bani Khalid. Il est 17h et j'ai fait 80km officiels depuis le départ, un peu plus avec les erreurs à rallonge de parcours. A partir de là, on sort de la montagne.isa CP5 7
Je suis accueillie par l'équipe de Sylvie, qui propose des spéculos, mmmmh, et le médecin, qui tient à inspecter mes pieds. Mais ils n'ont rien mes pieds ! J'enlève mes chaussures pour la 1° fois de la course pour me masser les petons. Ils vont très bien. Ce n'est pas le cas de tout le monde, il y en a qui n'aiment pas les cailloux.
Il y a Haethe au CP, la canadienne qui a gagné la dernière Badwater paraît-il. Je ne la connaissais pas du tout jusqu'alors. Fichtre, j'ai même rattrapée la 2° ! Elle repart, elle court avec un anglais qui a l'air de bien l'aider.
Voilà Florence qui arrive. Elle s'est encore perdue.
D'autres coureurs suivent. Ils se sont aussi perdus à un moment ou un autre, dont beaucoup à la fin. Certains arrivent carrément en sens inverse.
Je mange rapidement ma mixture de céréales au praliné, délicieux et énergétique, et repars sans prendre un bain. Même pas tentant.

WBK canalOn longe les canaux d'irrigation de la vallée, puis je traverse une petite ville. Les enfants m'accompagnent, un monsieur qui vend du poisson à l'arrière de son 4x4 me fait un grand signe. Je quitte la vallée pour monter vers un col. La nuit tombe. Ca fera 10km de route. Une voiture s'arrête, le conducteur ne parle pas anglais, mais veut visiblement m'avancer. Et non monsieur, je continue à pied !

Arrivée en haut, je reprends un chemin qui descend bien raide vers un wadi. C'est du sable mou, il n'y a qu'à se laisser porter. En bas, on traverse la route et j'aperçois une lumière sur cette route. C'est Florence, qui n'a pas pris le chemin balisé. Elle part à gauche et je pars à droite dans le wadi. Je l'appelle car je suis le balisage. Elle me rejoint et nous faisons route ensemble. Nous sommes toujours dans le sable, et parfois dans les cailloux. Dans la nuit on ne voit rien du wadi, mais il paraît qu'il fait 300m de large et est encaissé entre 2 belles parois. D'ailleurs voilà que nous buttons contre. Nous avons perdu le balisage et le GPS nous envoie droit sur la falaise. Petit problème. Nous décidons de continuer dans le lit de la rivière. Ca y est, on retrouve les rubalises. Ouf !

Le wadi se termine par une bonne piste, fini le sable. On a un p'tit creux, on partage nos provisions de route, cacahuètes pour Flo et Tuc pour moi. Et on papote en courant. Le chemin est facile, et nous sommes distraites sur le balisage. Mais au fait, ça fait un petit bout de chemin qu'on n'en a pas vu. Aïe aïe aïe. Le GPS nous indique la gauche. Demi-tour. Effectivement, il y a un chemin à droite étant donné qu'on a changé de sens. Il fallait voir la flèche de peinture blanche sur une pierre en pleine nuit... Heureusement, nous n'étions pas loin. Désormais, nous restons attentives à la trajectoire, et nous arrivons sans nouvelle encombre au CP6.

On avait envie de faire une halte dodo, mais le coin est moche. Il n'y a pas de tente, il faut dormir dehors, à côté d'une grande route. Je ne suis pas fatiguée, j'entraîne Florence à continuer. On mange rapidement et on repart. balisage 1

Nous prenons une piste avec du sable très mou. Florence a mal aux pieds, elle trottine néanmoins, je marche vite, à son allure. Nous longeons des dunes paraît-il. On voit juste dans le halo de la lampe une petite dunette de... 50cm de haut. C'est ça les dunes omani ? Elles doivent être derrière. Puis nous devons suivre une ligne Haute Tension. Les pylônes ne sont pas éclairés. Au bout d'un moment, la piste principale tourne à gauche toute. Il n'y a aucun balisage à ce niveau. Florence confirme au niveau GPS. Alors à gauche toute. On doit se diriger vers une antenne, mais il se trouve qu'il y en plusieurs d'éclairées. Nous trottinons toujours et nous ne voyons toujours pas de balises dans cette direction. Qu'en pense le GPS ? Il indique arrière toute ! Aïe aïe aïe. Florence est désespérée, avec ses pieds en mauvais état. Elle veut suivre la direction du GPS et couper tout droit dans la nature. Je refuse. On risque de tomber sur des dunes, une clôture, un mur ou je ne sais quoi. Il y a dans le coin une décharge et une usine de poulets à éviter absolument.

isa CP11 2La mort dans l'âme nous faisons demi-tour, mais c'est la solution la plus raisonnable. On repart en trottinant. Il y a plein de lumières lointaines, des antennes, la voie express, les phares des voitures sur cette route. Mais que vois-je soudain ? 3 points lumineux verts qui se déplacent parallèles à nous et dans la même direction. Des sticks lumineux de coureurs ! Quelle lueur d'espoir ! Nous sortons les sifflets, mais ils ne nous entendent pas. Nous continuons sur notre piste, avec toujours les poins verts à vue, jusqu'à retrouver l'intersection sous la ligne HT. Nous reprenons la bonne direction, et miracle, les balises réapparaissent.

Nous traversons un petit wadi. De nouveau plus de balises. Les points verts coupent tout droit vers une antenne, direction donnée par le GPS. Nous décidons cette fois de faire de même. Le terrain est sableux, avec des petites bosses et creux.

désert 2Près de l'antenne, un 4x4 vient à notre rencontre. C'est Thomas, de l'organisation. Il nous cherchait car le CP suivant ne lui donnait pas de nos nouvelles, et pour cause, nous en sommes encore loin. Il vient de remettre les points verts sur le droit chemin et fait de même pour nous. Nous suivons la voiture jusqu'à retrouver la piste et le balisage. Merci Thomas !

Mais la nuit avance et nous savons que nous ne serons jamais à la barrière horaire de 8h au CP8, c'est impossible. N'y pensons pas, ce n'est pas la préoccupation du moment.

Les balises ne suivent pas la piste, c'est bizarre. Et en voilà une, là, de l'autre côté. Le point lumineux est jaune, un peu haut, et horizontal. Mais qu'est-ce qu'elle fait par là ? Il faut aller voir. Nous nous dirigeons vers cette balise étrange, quand je réalise que c'est... la lune ! On peut toujours essayer de l'atteindre ! La veille j'ai vu la lune se lever à peu près à cette heure-là, vers 3h du matin, petite, jaune et horizontale. Très surprenante. désert 7

Mais maintenant nous devons retrouver notre chemin, le bon. Il y a des traces de 4x4 partout, et on tourne un bon bout de temps en rond avec nos cerveaux embrumés, avant de retrouver la bonne voie. Que de temps et d'énergie perdus !

Cette fois nous passons à côté de la fameuse décharge et de la fameuse usine de poulets. C'est étrange, j'ai l'impression de connaître cet endroit et d'y être déjà passée. Comment se fait-ce ? Mais bien sûr, nous sommes passés là en bus pour rejoindre le camp de départ, mais de jour.

Nous décidons avec Florence de terminer la course ensemble, après cette nuit de galère.

Nous quittons la piste avec le lever du jour, pour traverser une zone de dunettes,désert chameau 1 avec du sable en conséquence bien mou. On monte, on descend, on remonte, on redescend. Cette fois, il y a des rubalises tous les 50m, et il fait jour, impossible de se perdre ! Nous croisons des troupeaux de chameaux. La clôture à chameaux est un long fil de fer barbelé à hauteur de nos têtes, qui correspond à celle du cou des chameaux. Ils ne doivent pas avoir l'idée de baisser la tête pour passer dessous.

Mes guêtres pour le sable sont dans mon dropbag au CP8. J'ai plein de sable qui rentre dans les chaussures. Cela ne m'abîme pas les pieds, mais il s'amasse au bout des chaussures et je n'ai plus de place pour mes orteils. Je suis obligée de les vider régulièrement.

Voici un 4x4 de l'organisation qui nous rejoint. "Ah les filles, vous montez, on vous emmène au CP". On se regarde avec Florence. Quoi ? Monter dans un 4x4 pendant la course ? Que nenni. Nous refusons en bloc. "Mais si, tout le monde s'est perdu et on a ramené tout le monde en voiture, vous pourrez repartir après normalement". On a tellement perdu de temps et fait de km en plus qu'on monte, à contre coeur. On est à 500m du village, et le CP est après. On apprend que toutes les barrières horaires sont levées. Il est l'heure de celle du CP8 et nous sommes au CP7. Ouh lala, quelle organisation catastrophe !

trace chameauBeaucoup de coureurs se sont perdus également dans la partie des dunettes, qui venait d'être re-balisée quand nous sommes passées. En effet, les chameaux avaient mangé toutes les rubalises ! L'organisateur est un spécialiste des courses à Oman, il ne connaît pas les habitudes des chameaux ?

Je descends tête basse du 4x4 tellement j'ai honte, même si tout le monde est arrivé par le même moyen.

Et ceux qui ont suivi leur GPS n'ont jamais trouvé le CP, car il a été placé à 500m du point GPS enregistré...

C'est un gros CP, magnifiquement situé entre 2 cordons de dunes. isa CP5 4

Je ferai bien une sieste d'1/2h, mais Florence préfère 45mn. J'ai une bonne place sous une tente. Florence se fait soigner les pieds, si bien que j'ai le temps avant de repartir. De quoi prendre un bon petit déjeuner.

Il ne devait y avoir que du café sur les CP. J'avais demandé du thé avant le départ. Ce n'était pas prévu mais j'ai eu gain de cause.

Tous les recalés de la barrière horaire du CP4 sont là, très déçus. Cyril n'a pas l'idée de les faire repartir, même sans dossard, pour la partie désert de la course ? Surtout maintenant qu'il a aboli les barrières horaires ! Je ne sais pas si cette idée que j'ai répandue a fini par arriver à ces oreilles, mais c'est ce qu'il finira par faire.

Claudine, qui est une des recalés, me file des vieilles guêtres. Je n'ai pas les chaussures qu'il faut, mais j'arrive à les faire tenir tant bien que mal avec les épingles à nourrice de mon dossard après quelques essais et quelques arrêts.

Florence et moi repartons donc, au milieu des dunes. Elles sont belles. Florence a de nouveaux pieds, mais nous n'allons pas du tout à la même allure. Je cours sur le plat et dans les descentes, jamais dans les montées. Elle court dans les montées. En moyenne nous allons à la même vitesse au début, puis je prends la tête. Je l'attendrais au CP suivant.

trace scarabéeNous courons dans la partie basse des dunes, couverte de touffes d'herbe. La partie haute n'a pas de végétation du tout, avec des pentes fortes. C'est vraiment très beau. Il y a des scarabés qui traversent la piste, laissant de drôles de traces.

Pas de bol, je sens un début de tendinite du releveur qui débarque. Et bien je m'en accommoderai.

Je croise le 4x4 du photographe qui m'encourage, à l'approche du CP8. désert 17

Le voilà, il est situé au Safari Camp, un campement pour touristes. Il y a la petite tente qui nous accueille, et nous pouvons profiter de chambre et douche.

Le CP8 est le départ de la course de 130km. Il me reste donc la bagatelle de 130km à faire.

Le temps que Florence arrive, je strappe ma cheville pour la tendinite, contre l'avis du médecin présent. Peu m'importe son avis. J'ai mon dropbag, avec une délicieuse boîte de raviolis froids et des biscuits. Quel régal ! Heureusement que je n'ai pas besoin d'eau chaude, car c'est difficile à avoir. Je n'ai pas mangé de viande depuis le départ. Mes menus étant pauvres en protéines, j'ai emmené de la spiruline, mais je ne l'ai pas retrouvée dans mon sac. Elle était planquée avec la pharmacie, pas au bon endroit.

désert dune 1Je change de chaussettes, de chaussures, avec guêtres cousues dessus, et je mets un maillot plus léger, il fait plus chaud qu'en montagne. Et je me masse bien les jambes et les pieds.

Je préviens à la ronde que je me déculotte pour me crémer les fesses. Voilà justement le photographe qui se ramène. Au bon moment. Photos interdites.

Nous prenons des nouvelles de Haethe. Elle dort, elle abandonne et elle estdésert dune 2 devant, tout ça en même temps. Pas moyen d'avoir une information fiable.

Nous repartons avec 2 gars, mais ça discute au lieu de se mettre en route. Je houspille la troupe, j'ai assez attendu, ce n'est pas la peine de tarder plus, on perd trop de temps pour rien.

isa CP11 1Je suis rapidement devant Florence, elle ne suit pas le rythme. Ses pieds la font de nouveau souffrir. Nous avons une longue montée devant nous. Je la gravis à ma vitesse en marchant vite, et j'attends Florence en haut, en m'allongeant dans le sable.

désert CP8 1Les 2 gars passent, puis elle apparaît. Elle n'arrive vraiment pas à suivre, elle me demande de partir devant et de faire ma course. Dommage, pour une fois que j'étais prête à courir avec quelqu'un, mais elle a raison.

Me voilà donc repartie, la nuit tombe sur le sommet de la dune. Je ne vois bientôt plus que le rond de la lumière de la lampe. C'est toujours tout droit maintenant, et c'est toujours une succession de montées et de descentes, dans un sable mi-mou. Il faut des fois suivre la trace du 4x4, des fois se mettre à côté. La nuit on ne sait pas si on monte ou si on descend quand la pente est faible. Je cours tant que ça ne durcit pas dans les jambes. Ou je fais un peu de marche arrière, on sait tout de suite si ça monte.

J'aperçois les premiers reliefs de sable juste au bord de la piste quand je tourne la tête, c'est tout. Ca y est, je vois la lumière du CP9. Il ne paraît pas loin, et pourtant je mets du temps à l'atteindre. On dirait qu'il recule quand j'avance.

Cette fois, j'y suis. Nous sommes mercredi soir à 21h. Les chauffeurs omani fumentdésert coucher soleil 2 la chicha près de leur véhicule. Pascal dort à la belle étoile. Il se réveille pour moi, et est ébahi et admiratif de me voir là. Il me donne rendez-vous à la soirée de fin de course. OK !

On me bichone. De l'eau pour mes pâtes et une tente pour 30mn de repos. Justement, Louisa dort dans la tente et c'est l'heure de la réveiller. Le bénévole me demande de le faire. Je ne crois pas qu'elle ait été satisfaite que ce soit sa poursuivante qui la tire de là. Car cette fois, je suis bel et bien 2° féminine, et la 1° est en face de moi.

CP9 puitsQuant à Haethe, jamais entendu parler à ce CP. Elle est donc derrière, ou a abandonné.

J'enfile un coupe-vent et je m'endors illico, il ne fait pas trop froid.

Il paraît que ce CP est très beau, entouré de belles dunes, avec un arbre et un puits. Ah bon ?

Je repars dare-dare pour une 3° nuit. Je fixe la piste, restant concentrée sur la trajectoire. On dirait que les arbres défilent des 2 côtés de la piste, sur le bord de la zone éclairée par ma lampe, comme si j'étais dans une forêt. Sauf que je suis dans un désert. OK, allons-y pour la forêt, il ne faut pas se poser trop de questions en pleine nuit. L'essentiel est de courir pour profiter de la fraîcheur et de choisir la meilleure trace en fonction de la qualité du sable pour ne pas s'épuiser inutilement. Tiens, il y a plein de  traces de pas qui partent sur ledésert 15 côté. Il y a un point de vue ? Pas pour moi, que la nuit noire. Je fais un petit arrêt, et mes yeux se portent sur le sable. Mais je vois de l'eau ! Avec plein de petits grains noirs et blancs au fond de cette eau très claire. C'est magnifique, mais... impossible. Je secoue la tête et re-fixe le sol, et je vois effectivement le sable qui se liquéfie. C'est stupéfiant et vraiment très beau. Les petits grains noirs et blancs sont les grains de sable. Allez ouste, on repart illico avant d'avoir d'autres hallucinations. Et d'un bon train.

isa arivée 5La piste s'élargit, il doit y avoir du passage de jour.

Me voilà arrivée au CP10. Il y a une fille qui est prête à partir. Une grande, qui a des grosses tresses noires. Je ne la connais pas. Je lui demande sur quelle course elle est, car je suis maintenant sur le parcours des 3 distances. La 300 me dit-elle. Mais... la seule devant moi sur la 300 est Louisa, qui est une petite blonde avec une queue de cheval. C'est pourtant bien Louisa qui est devant moi. Ouh lala, au pieu tout de suite !

L'atmosphère est très humide. Dans le désert ! Je m'installe sous la tente dont le sol est trempé. Je sors pour la 1° et seule fois ma couverture que j'étale dans l'eau. Ca ira bien. Je mets ma montre à sonner dans 1/2h, et je m'endors immédiatement. Et je n'entends pas sonner ma montre. Je me réveille d'un coup, j'ai dormi 1h30. Ce n'est pas grave, c'est que j'en avais besoin. Par contre je ne sais pas comment j'ai pu me réveiller.

Je repars, bien reposée et en forme. Le jour ne tarde pas à se lever, mais... je suis en plein brouillard. Dans le désert ! Je ne mettrai mes lunettes de soleil que vers 10h. Et du coup il ne fait pas trop chaud, impec pour courir.

isa CP11 5C'est irréel, tout ce sable qui défile dans la brume, avec un champ de vision qui s'étend au fur et à mesure de la levée du brouillard.

Le brouillard est très rare dans le désert, mais c'est la 2° fois que j'en vois, la 1° était en Egypte. Après tout, c'est mieux que de tomber sur une tempête de sable.

Les dunes se succèdent, avec des pentes parfois fortes et de super descentes.

Je vois un arbre au loin. Il indique un puits. Il y a un 4x4 qui fait le plein d'eau avecdésert dune CP11 une pompe thermique dans une citerne sur son pick-up. Rien à voir avec les puits du Sahel avec des ânes.

Il fait chaud maintenant, mais ça ne me gêne pas pour continuer à courir. Je dépasse une autre Isabelle qui est sur le 130km, qui est écroulée au bord de la piste, et qui a apparemment très chaud et est mal en point. Je l'encourage, car elle est prête à abandonner. Allez ! Le CP11 n'est plus loin !

D'ailleurs j'aperçois sur le versant de la prochaine dune un 4x4 et une tente. Le CP ? Déjà ? Non, on dirait un camp de pique-nique pour les touristes. Mais c'est vraiment le CP11 ! Qui n'a rien d'un kiosque à pique-nique. Il n'y a rien à manger. Mais moi je mange, ma mixture de noix et amandes.

Voilà Isabelle qui arrive. Elle retrouve le moral d'être au CP. Ces pieds sont vraiment en très mauvais état. J'apprends que je suis 12°. Et Isabelle, l'autre, 13°. Mais ce n'est pas possible, nous ne sommes pas sur la même course ! Ah oui, il y a 12 coureurs pointés, mais 7 sur les 2 autres courses. Donc je suis 5° ! Ca change tout ! Les bénévoles n'ont pas vraiment les mêmes préoccupations que nous...

désert coucher soleil 1Voilà 2 4x4 à touristes qui arrivent et s'arrêtent. C'est le même groupe de français qui étaient dans la montagne ! Ils nous encouragent. Et Guillaume descend d'une des voitures. Il a fait une hypoglycémie au puits. Il avait perdu sa bouffe. C'est évidemment une grosse erreur de gestion de course qui ne pardonne pas, puisque nous étions en autosuffisance alimentaire. Il aurait dû abandonner. Il appelle Cyril au téléphone, pour lui demander de pouvoir continuer la course avec 2h de pénalité et Cyril a dit oui !!!!!! En plus ce n'est pas une pénalité puisque c'est le temps normal que j'ai mis à pied du puits au CP. Et au résultat final, il n'a eu aucune pénalité puisqu'il a été compté ex aequo avec l'italien avec qui il est arrivé. Quelle organisation épique et surprenante !!! Guillaume a longtemps été dans le trio de tête de la course. Je ne sais pas quand je l'ai doublé.

Je récupère des biscuits bienvenus avec les touristes, bien que je ne sois pas en hypoglycémie, moi.

désert 3Guillaume a testé le bouton « au secours » de sa balise, sans succès. L’organisation n’a pas réagi.

Je veux me reposer 1/2h avant de repartir. Il fait très chaud, je m'allonge dans le sable dans un petit coin d'ombre de la tonnelle. Il n'y a pas de nattes à ce CP. Mais voilà que débarque un 4x4 de l'organisation avec les plus pipelettes des bénévoles. Donc impossible de m'endormir. Je me détends les jambes quand même et je repars vite fait.

Au bout de 5mn, je sens un échauffement dans le bas du dos. Fichtre, je n'ai pas fait gaffe à me protéger du sable quand je me suis allongée, et j'en ai dans le dos. Quelle erreur, comme une débutante ! Et je n'ai plus assez l'élastoplaste. Un coup de bol, le 4x4 d'une des infirmières arrive. Elle me remet une couche dans le dos, de quoi repartir d'un bon pied.

fillette CP11 2Je passe devant un campement pour les touristes. Les enfants m'encouragent. Il y a une station service : une citerne posée au bord de la piste avec gas-oil écrit dessus. C'est sommaire. Je n'ai pas besoin de gas-oil, je préfère des biscuits comme carburant.

Je croise un énorme 4x4. Ce sont des Emiriens, des Emirats Arabes Unis.

Maintenant c'est celui de notre photographe qui me rattrape. Il est tout content de me retrouver. Il me demande si je peux encore courir. Evidemment ! J'arrive en haut de la côte, et je pars en courant. Il crie de joie et me mitraille. C'est si extraordinaire de courir sur... une course ?

Les dunes disparaissent, pour laisser place à une étendue beaucoup plus plate. Ilisa CP11 8 y a du monde, on s'approche de la côte. Des gamins me proposent un tour en chameau. Non merci, je ne suis pas une touriste comme les autres.

Encore un 4x4, c'est celui de Cyril. Il prend de mes nouvelles. Merci, ça va très bien.

De nouvelles dunes apparaissent devant, derrière c'est la mer et l'arrivée.

La nuit tombe. J'entame une longue montée douce, vers une des dunes. J'alterne course et marche, sans effort. Je me sens bien, avec 250km dans les pattes. Les petits buissons le long de la piste se transforment en parking pleins de véhicules. C'est le 4x4 du CP ? Non, que des herbes.

désert village chèvreAh, des lumières ! Cette fois, c'est le CP. Non, ce sont 2 coureurs de la 200 qui font une halte. Un petit mot d'encouragement et je les dépasse. Je suis persuadée d'avoir déjà vécu ces moments, comme si je connaissais cette piste et de rencontrer ces 2 coureurs. Mais c'est impossible. C’est une des conséquences du manque de sommeil.

De nouveaux des lumières, beaucoup plus nombreuses. Cette fois, c'est le CP12, le dernier avant l'arrivée.

désert 4C'est Isa qui m'accueille. Elle m'apprend que Louisa s'apprête à partir et que je lui mets une pression terrrrrible depuis pas mal de temps maintenant, et qu'elle ne s'arrête plus pour dormir. Hi hi, moi je dors, et je la rattrape, et sans pression aucune. Mais je sais que je vais galérer dans la dernière dune qui m'attend, de nuit sans GPS. Alors je préfère bien manger et dormir de nouveau 1/2h.

Manque de bol, Cyril arrive, laisse le moteur de son 4x4 tourner juste à côté de ma tente et parle très fort. Impossible de m'assoupir. Je râle, il daigne éteindre la voiture, mais pas se taire. Je considère que c'est un manque de considération pour les coureurs qui en sont à leur 4° nuit dehors, 4° nuit que je n'aurai jamais dû faire si la course était correctement organisée.

J'aurai bien fait le dernier bout de route avec quelqu'un d'autre, mais il n'y a personne. Sydney n'est pas pressé de partir et ira doucement, le singapourien est parti et est revenu, il préfère attendre le lendemain matin.

Donc j'y vais pour les derniers 25km. Une belle dune m'attend. La côte déjà bienisa CP11 4 entamée se poursuit pour atteindre la crête. Ca monte et descend sans arrêt dans un sable très mou. J'avance facilement et je cours bien dans les descentes. Les traces de 4x4 deviennent très nombreuses et larges. Il n'y a plus de piste, chaque véhicule fait sa trace. Je n'en vois pas les bords dans la lumière de ma lampe. Je repère des empreintes de pas, dont une avec des bâtons. OK, je suis ça, on devrait aller au même but. Je reste concentrée, les yeux rivés sur les traces, sans sentir la fatigue. Soudain je vois un stick lumineux devant. Je rattrape un coureur. Je siffle, j'aimerai qu'il m'attende, tellement je suis persuadée que je vais me perdre. On est sensé voir la mer et s'y diriger, mais il fait nuit noire et on ne voit rien. Le coureur ne m'entend pas, il est trop loin devant. J'ai l'impression de le perdre de vue des fois, surtout que le terrain est loin d'être plat.

Les traces partent sur la droite maintenant et quittent les 4x4. Etrange. Je ne vois plus les bâtons. Ca me mène à une balise, au milieu... de tas d'ordures. Et plus rien après. Me voilà bien ! La balise a été déplacée. Il me faut revenir sur mes pas jusqu’à la précédente sur les traces des 4x4, c'est une sacrée montée. Attention de ne pas tourner en rond et de refaire de nouvelles traces qu'il ne faut surtout pas que je suive !

Je retrouve le passage d'où je viens, et reprends la bonne direction. Ouf !

Cette fois, je ne quitte pas les bâtons d'un pouce.

isa arrivée 4Après maintes successions de montées et descentes, voici la grande finale. Belle dernière descente dans un beau sable mou, facile à courir. Ca y est, je suis en bas, près de la plage, bien que je ne la voie pas. Le sable durcit et les traces disparaissent par moment, mais le balisage est bon. On doit se diriger vers la droite et quitter toutes les traces de 4x4, vers une antenne, qui n'est pas éclairée donc que je ne vois pas. Je passe au pied. Après on doit piquer droit vers la mer, on est sensé voir le campement. Je ne vois toujours rien du tout, à part une seule trace de 4x4 qui est un des nôtres j'espère, des pas et une paire de bâtons.

Ca y est, ce sont les lumières du camp devant ! Il est bien calme, à 2h du mat. Je trouve le moyen d'y pénétrer par l'accès voiture, au lieu de prendre la voie royale qui nous est normalement destinée. Ca me rallonge de quelques dizaines de mètres. Je n'en ai pas encore fait assez sans doute.

Cyril est là pour m'accueillir, avec 2 bénévoles et le photographe, au bout de 77h d'effort. Et combien de km ? Je ne sais pas, mais beaucoup plus que les 285 au programme !

Je termine donc 5° au scratch et 2° féminine.

La pression de trouver le bon chemin retombe, et je suis incapable de dire quoi que ce soit à part que ça va et où sont les douches.

Nous sommes dans de grandes tentes de 4, et Louisa y dort déjà. Elle est arrivée 3h avant moi paraît-il. J'essaie de ne pas faire de bruit pour ne pas la réveiller.

Les douches sont somptueuses, avec une petite pompe qui amène de l'eau chaude à une vraie pomme. Je prends la 1°, et comme par hasard, l'eau n'arrive pas. Je vérifie toute l'installation, rien à faire, pas d'eau. Je ne vais pas me battre avec la douche maintenant. Je me contente d'une bassine. Quel dommage. En fait, c'est la seule douche non alimentée électriquement, elle sera démontée le lendemain après que j'aie prévenu du problème. Il fallait que ça tombe sur moi.

Mes pieds sont impec, à part un ongle que je n'ai pas senti mais qui va tomber.  Jecampement arrivée 1 le sens maintenant que je suis pieds nus. Et ma tendinite ne m'a pas trop embêtée. Je la sentirai bien plus le lendemain. Je dévore un délicieux gâteau aux dattes, et m'endors béatement sur un bon matelas.

La journée du lendemain est bien remplie : manger, dormir, et baignade. Les autres coureurs arrivent au fur et à mesure. Florence en début de matinée. Puis Marta, suivie de Haethe viennent compléter ma tente. Brigitte pointe ses bâtons à son tour. Le campement se remplit jusqu’en fin d’après-midi.

Le retour à Muscat nous prendra 8h en bus. On a fait tout ça !

Comme je suis en forme, je profite d’une belle plongée avec les tortues omani avant mes 3 avions de retour. Ce qu’on ne doit normalement pas faire : plonger en manquant de sommeil, avec une tendinite du releveur qui empêche de palmer et qui gonfle. Mais j’ai le coco dur !

 

  

 

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commentaires

D
<br /> Bravo! A la fois pour la course et pour le Compte-Rendu!!!<br />
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J
<br /> bravo Isa! :-)<br /> <br /> <br /> Ah! ça me rappelle tellement la Mauritanienne....<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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