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28 octobre 2007 7 28 /10 /octobre /2007 16:30

Récit d'un grand Raid 2007.....écourté, voire trés é-courté: s'arréter au volcan ,pas pour un ravitaillement avant de poursuivre cette folle idée d'une arrivée à la Redoute, aprés moultes zaventures, enchainement de montées et de descentes , de rencontres....bref....non, s'arréter au Volcan, Plaine des Sables pour un arrêt définitif pour cause d'un mollet pas d'accord pour continuer...

Dur de voir le médecin , d'espérer un miracle, une potion magique qui permettrait de voir le bobo s'envoler ou simplement de s'atténuer pour repartir, dur de penser à l'équipe(désolée pour les copines d'A2R)et dur de décrocher les épingles et de rendre le dossard.

Court tout celà, mais  une rencontre inattendue me mis du baume au coeur : au pied du Textor,le grand Marco Olmo,lui même, l'air un peu paumé....ni une ni deux, me voilà essayant de comprendre l'italien et  lui proposer un rapatriement dans la voiture de ma copine Géraldine: il avait  rendez vous avec sa femme à Mare à Boue....

Comme quoi, tout peut arriver pendant le Grand Raid....

Le Grand Raid, je l'ai poursuivis en suivant les équipes A2riennes par internet : Bravo à toutes et tous(super les filles, du semi et du grand raid) et puis super les garçons  

Au delà de la déception,je remercie toute l'équipe d'A2R pour son accueil chaleureux, son esprit d'équipe et sa convivialité....même à 10000km ,je suis trés fière de faire partie de ce groupe et porter les couleurs A2R que maintenant, personne ne peut ignorer.

Et la vie continue et déjà un programme qui se profile pour la saison à venir 

 

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27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 06:47

La course au dossard !

 

Le GRR 2007 commence par un petit coup de stress, en apprenant la veille du départ, lors du retrait des dossards (merci Steph), que l’organisation n’avait pas reçu mon certificat médical. Branle-bas de combat, une amie chirurgienne qui était de passage à la Réunion ce soir là me refait illico presto un certif (merci Béné), qui sera faxé le lendemain au petit matin (merci Jean Luc), pour qu’un A2Rien de St Denis (merci Marie-Agnès) puisse récupérer mon dossard, à 9h ! On voit déjà tout l’intérêt du travail en équipe !

Maintenant j’ai le droit de souffrir, super !

 

L’attente…

Départ de Saint Pierre vers les 20h30, les amis de Marie-Agnès me prennent au passage direction Saint Philippe. Arrivée sur le stade du départ vers les 21h30, à l’ouverture. 2h30 à attendre, en se reposant dans l’herbe, en discutant… et en faisant le vide dans sa tête. Car contrairement à l’année dernière, je sais désormais ce qui m’attend !  Mieux vaut donc ne pas trop penser à la course…. A 30 min du départ, on part se placer dans la foule. Le Président nous fait l’habituel speech, finissant par le bulletin météo qui annonce quelques passages pluvieux pour les jours à venir. Les meilleurs coureurs des éditions précédentes sont appelés à venir se placer sur la ligne, dont Yann & Seb ! Mince, ça va pas être facile de les rejoindre, j’avais l’intention d’essayer de faire un bout de route ensemble. Le compte à rebours est lancé, 10-9-8-7-6-5-4-3- … et Zouh, les fous s’élancent pour ce qui est annoncé comme le plus dur Grand Raid de tous les temps !

 

 

Du départ au Volcan

 

 

 

Les 2200 s’engouffrent dans l’étroite sortie du stade où l’on se retrouve complètement écrasé, puis porté épaule contre épaule avant d’être libéré quelques dizaines de mètres plus loin, comme un bouchon de champagne ! Toujours impressionnant ce départ !

 

Je mets de suite le turbo pour remonter le peloton qui s’étale déjà à perte de vue sur la route du littoral. Au bout de 10 minutes, j’entends une voix familière qui me dit « Raph on est là ». Ce sont mes deux dalons Yann et Seb partis prudemment sur un rythme régulier qui me convient à merveille. La montée de la route forestière se passe sans encombre. Des coureurs nous doublent, certains déjà hors d’haleine (mais savent-ils que ça fait 150 km ??). La vue des 2200 frontales qui s’étalent est toujours aussi féerique. A 2 km du point de ravitaillement de la route forestière, sachant que je devrai prendre quelques instants pour remplir ma poche à eau déjà vide, j’accélère pour prendre un peu d’avance. Au ravito, je fais le plein en 5s chrono et c’est reparti, je n’ai vu ni Seb ni Yann… le chemin pentu, glissant, boueux, rocheux, racineux du GR s’ouvre devant moi et j’emboîte le pas de coureurs me précédant. Le rythme est soutenu. Tout comme l’année dernière, je tente de dépasser dès qu’une ouverture se présente, pour éviter de s’endormir derrière des groupes. Et à un moment je reconnais les mollets de Yann devant moi ! Cool, le groupe se reforme, il me dit que Seb n’est pas loin derrière. Je colle à son train, le sentier s’élève, tandis que les arbres rabougrissent pour laisser place à la végétation de brands typique des contreforts du volcan. Pas loin de 4h, une pensée pour ma Doudou et les semi d’A2R qui ne vont pas tadrer eux aussi à prendre le départ. Allez Sandy, t’es la meilleure !! Le froid se fait sentir, le givre recouvre les buissons, on enfile nos coupe-vent, de plus en plus de coureurs sont assis au bord du chemin à récupérer, d’autres commencent à ralentir, nous on continue. Je sens poindre à mon genou gauche la douleur tendineuse qui m’avait fait souffrir sur la CIMASA. D’abord très légère elle s’intensifie à l’approche du second ravitaillement de Foc Foc. Ca n’est pas du tout pour me rassurer. Le moral qui en prend un coup. Une tendinite si tôt dans la course, ça n’était pas prévu… Yann part devant, moi je refais le plein d’eau. Je cours sur la grande majorité du plat reliant Foc Foc au Ravitaillement de la Plaine des Sables et ce rythme soutenu me réchauffe les articulations et soulage mon genou.

 

Etant parti une heure plus tôt, la nuit est encore bien installée lorsque j’aborde les grandes plaques de basalte ; je me retrouve tout seul et navigue à vue pour essayer de trouver les traces du chemin à la frontale. Les clameurs du prochain ravitaillement se font entendre, et m’appellent à relancer. J’y retrouve Maud et Béré, et bien sûr toute l’équipe de Quartier Français qui tient le stand et qui me fait une belle fête. Yann vient de filer. Je prends mes 5 minutes, remplis mon sac de victuailles, et vais boire mes 4 soupes chaudes.

 

Je suis autour de la 150 ieme place, un peu plus prudent que l’année dernière, d’autant plus que le chemin était déjà bien plus boueux et glissant.

 

 

 

 

Du Volcan à Mare a Boue

Je repars en trottinant, à travers la Plaine des Sables. Les lueurs de l’aube naissante me font éteindre la frontale. Au pied du coup de cul de l’oratoire Ste Thérèse, je lève la tête et aperçois loin au dessus le coupe vent orange de Yann. Je prends mon temps pour gravir la côte, m’étire 5 s au sommet et amorce la descente sur un bon rythme. La tendinite ne se fait plus trop sentir. Je rejoins Yann vers le Textor et on continue l’aventure ensemble. Les copains de Marie Agnès sont là au ravitaillement à nous encourager. Je m’étire encore quelques secondes. La descente dans les pâturages s’effectue sans encombre, je suis dans une bien meilleure forme que l’année dernière où cette descente m’avait déjà fait mal aux cuisses. Arrivée au Chalet des Pâtres, on continue à courir à petit rythme sur la route bétonnée. Nationale sur 200m puis bifurcation à gauche sur Mare à Boue, toujours en petites foulées. Ce bitume casse tout de même nos jambes, davantage habituées à courir sur sentiers.  

 

A Mare à Boue, gros point de ravitaillement tenu par l’armée, je retrouve le commandant Jean Yves et le lieutenant Didier qui me ravitaillent avec efficacité, sous les couleurs du drapeau A2R. Je change de maillot pour enfiler ma tenue de combat toute neuve A2R ! Ca va chauffer !! Yann, comme à son habitude, a tracé.  

 

Mare à Boue à Cilaos

La montée Kerveguen, je ne l’ai jamais trop appréciée celle-là… Déjà l’année dernière j’y avais reçu mon premier coup de bambou. Et à la gueule du premier km, ça va pas être une partie de plaisir. Depuis 2 ans et pas mal de sorties dans le coin, je n’ai jamais vu ce chemin aussi humide et boueux. Je n’ose à peine imaginer l’état du chemin quand les derniers l’emprunteront après que 4000 pieds l’aient labouré… Je ralentis l’allure significativement, d’autant plus que les 400m de déniv en plus rajoutés à la dernière minute m’effraient au plus haut point. A l’approche de la caverne Bras Chanson je commence à doubler des concurrents en pleine défaillance. Un coureur venu de métropole hallucine pour son premier GRR sur l’état des chemins réunionnais. La boue rend les appuis glissants, les innombrables marches lui pètent les genoux… il me demande si sur la deuxième partie de course il y en aura autant… hum… « un peu près pareil » pour pas le décourager.

 

Petite pause au ravito Kerveguen, puis repars à l’assaut de la face Nord du Piton. Grosse bavante, ces 400m rajoutés, en altitude en plus (entre 2000 et 2400 m) font tourner le moteur à plein régime et risquent de laisser des traces.  

 

Je bascule sur Cilaos dans la descente du Bloc, descente qui je dois le dire commence à me sortir par les trous du nez à force de l’avoir faite et refaite… Bien plus longue que la descente du côteau Kerveguen, elle est tout aussi raide à son départ, et super glissante dans sa partie roulante avec boue et rondins de bois humide traîtres au possible. Cette descente est un chemin de croix pour moi, ma tendinite se réveille et ne me laisse aucun répit. J’arrive en bas vraiment lessivé… mais la partie la plus désagréable est désormais derrière moi. Comme Joël, j’ai hâte de traverser le cirque de Cilaos que je connais bien et de retrouver les sentiers sec de Mafate. Il est 9h, le soleil brille, je repars en trottinant sur la route, jusqu’au stade de Cilaos.

 

Une haie de public ovationne les coureurs entrant dans le stade, c’est vraiment sympa et motivant. Je file retrouver l’équipe de ravitailleurs: les parents de Seb, comme l’année dernière, fidèles au poste sous la banderole A2R. J’enlève le corsaire pour le cuissard, refais le plein de la poche à eau et de barres, puis je retourne à la tente des kiné-ostéo pour me faire dorloter par de jolies demoiselles : un pansement sur une ampoule à la plante du pied et un ptit massage + froid sur ma tendinite. 10 min chrono, je suis refait à neuf et prêt à affronter… une bonne plâtrée de nouilles, avalée rapidement, un peu trop d’ailleurs, burp..

 

Cilaos à Marla

Je sors du stade, il est 11h45, je demande mon classement car je ne sais pas du tout où je me situe : 100ieme ! Super ça, mieux que l’année, avec un état de forme incomparable ! Si mes releveurs me laissent tranquille, ça s’annonce pas trop mal. Descente Cascade Bras Rouge, très prudente, car c’est justement à cet endroit où les releveurs s’étaient fait sentir en 2006, je veux conjurer le mauvais sort.

 

Remontée en plein cagnard à 12h pétante ! J’ai la frite, je trace, tout en buvant un max. Comme l’année dernière, je grignote beaucoup de places sur ce tronçon. Je mettrai 1h pour faire Cilaos-Route Ilet à Corde, bonne moyenne ça !

Au ravito, Danièle Séroc se fait masser la cuisse, ça n’a pas l’air d’aller. Christine Bénard est juste derrière. 

Le Taibit, à nous deux ! Celui-là, on commence à le connaître. Fin août nous étions encore sur ses lacets pour la CIMASA. Je ralentis un peu l’allure, mais continue à remonter des coureurs à la dérive. J’en croise plusieurs qui redescendent, préférant abandonner ici plutôt que de plonger dans l’enfer mafatais d’où ils devront obligatoirement sortir à pied… Toujours un cap mental stratégique à passer, ce col du Taibit.

La descente sur Marla me ravive la tendinite au genou, mais c’est bien loin de la douleur causée  par les releveurs en 2006, je suis gagnant au change !

Juste avant le village, je fais la jonction avec Yann, qui m’annonce que sa douleur au pied est revenue, aie aie, les souvenirs de Mayotte resurgissent…On discute et fait une pause au ravitaillement. 4 bols de soupe avalés, toujours aussi agréable. Quelques étirements… puis Christine Bénard, la désormais 2ieme féminine passe, on attrape son train et c’est reparti !

 

Marla à Roche Plate

La traversée Marla-3 Roches-Roche Plate s’effectue sans encombre, sous un ciel menaçant et un peu de farine. Yann semble bien physiquement mais a du mal à forcer sur ses appuis avec la douleur. On avale la dernière descente en trottinant, et arrive sur Roche Plate par un sentier ouvert pour l’occasion, chapeau l’ONF !!  

 

Accueil mémorable au ravito où Flo et Jean Louis mettent l’ambiance ! La team « orange » est déjà connue avant qu’elle n’arrive, yess !! J’ai à peine le temps de mettre mon collant long que mon sac est vidé, rechargé, la poche à eau remplie, mes épaules massées, un bol de soupe prêt à être avalé… waaaa….Des brochettes et un verre de pif me sont même proposés… euh je laisse l’antioxydant tannique pour Joel, il en prendra sûrement !

 

Marla à la Nouvelle  

Je repars vers les 16h45, rejoins Yann sur la descente vertigineuse du Bronchard. Je souhaite profiter un peu du jour et de ma forme passagère pour envoyer un peu, je fais la descente et dis à Yann que l’on se retrouvera un peu plus loin, quand mes endomorphines m’auront lâché !!  

 

La descente hyper raide laisse place à une montée tout aussi pentue et escarpée. Cette montée à la Nouvelle est interminable… malgré l’heure tardive, je crève de chaud sous mon collant long, j’aurais dû attendre la tombée de la nuit pour l’enfiler. Je maintiens tout de même un bon rythme. Un couple que je croise me fait « vous avez vu ce coucher de Soleil ?! » Je lève mes yeux arrimés à  mes pieds et regarde : le ciel au dessus du Maido est marbré d’un rose intense, c’est magnifique, je reste scotché 1 minute… Pris dans la course, je n’avais pas vu le spectacle..

 

J’arrive à la Nouvelle à la tombée du jour. Un orchestre est en train de s’installer, l’ambiance risque d’être bien sympa aussi à ce poste, je serais bien resté, mais comme dirait Flo, « JUCAF » (J’ai Une Course A Finir)

 

 

La Nouvelle à Bord Martin

Je repars du poste et allume la frontale, la fraîcheur s’installe, je suis bien, et profite du calme crépusculaire.

Quand soudain un hélico surgit juste au dessus de moi et fait du sur place un long moment, soulevant des nuages de poussière et de feuilles ; c’est la télé ? les secours ? je suis vite fixé, au lacet suivant, je vois des gars du PGHM s’activer autour d’une civière emmaillotée de couvertures de survie, avec goutte à goutte improvisé au bord du chemin…. « un malaise » me dit-on… gloups…. Ça refroidit un peu mes ardeurs, jvais ralentir un poil alors…

 

J’arrive sur la fantomatique Plaine des Tamarins, allonge la marche, tout en essayant de ne pas me tordre les chevilles sur les rondins de bois glissants. Je fais un bout de route avec un coureur que je croise souvent sur les courses, sa femme l’attend au col des Bœufs, il va s’arrêter là, plus rien ne passe…  

 

Quand je pense à tout ce que j’avale au long de la course, et qui doit se mélanger en une mixture multicolore dans l’estomac, je remercie mes parents de m’avoir donné un tube digestif en béton… cake puis cacahouètes puis gels puis soupe puis barre d’amande puis pâtes puis coca salé puis bananes….

Et un guarana, un ! avant d’attaquer le col de Fourche, parce que les paupières se font lourdes. Le dernier coup de cul dans la boue me fait très mal, puis les marches de sept lieues en béton juste derrière aussi… Je sens les endomorphines me lâcher une à une… j’arrive au ravito suivant assez émoussé. Là je retrouve mon ami Dédé, qui a un problème au genou, mais il souhaite finir, même s’il ne peut que marcher. Belle abnégation, lui qui envisageait de rentrer dans le top 20.

 

Je repars, sur un chemin gadouilleux mais assez roulant. Merci à tes textos Bérus qui me font bien rire, seul dans la nuit noire.

 

A 20h30 j’arrive au ravitaillement du sentier Scout, Béré est là pour ravitailler Yann et le Doc. Elle m’accompagne un bout, Yann souhaite s’arrêter là. Coup au moral. Dans le Bronchard il avait l’air encore en forme… Je pense aussi à nos ptites femmes d’A2R Marie-Agnès et Line, parties dans cette aventure quasi surhumaine cette année, avec sa boue, son coteau Kerveguen interminable, son Bronchard monstrueux…Quel courage.

 

Sentier Scout à Deux Bras

 

Quand je repars sur le sentier Scout, je regarde mon classement : 50e ! Waaaa, j’en reviens pas, je n’ai pas doublé grand monde depuis Marla… C’est surprenant. Ca me redonne du peps… qui va vite s’éteindre. La descente du sentier scout est longue, longue… je commence à être HS, et ne suis plus mentalement capable de me projeter vers l’arrivée, trop de route et de douleurs à venir, je commence à appréhender la course ravitaillement par ravitaillement…Le prochain : Aurère. Je marche quasiment sur toute la descente, la tendinite est bel et bien revenue, et les ampoules aussi. A l’embranchement de la Plaque, j’accroche le train d’un coureur qui me double, et sers les dents. Ilet à Malheur est calme, même pas un ptit air habituel de Bob pour nous accompagner.

 

A la bifurcation, je tombe sur Karine et Nolwenn qui aiguillent les coureurs sur le bon chemin, ça fait plaisir de voir des visages connus ! Merci pour les encouragements, je continue,  et avale avec difficulté cette foutue grimpette d’Aurère, elle fait mal celle-là ! L’accueil à l’école est encore grandiose, Céline, Marie et Magali sont là pour m’accueillir et me ravitailler, on tchache 5 min ; je retrouve mon lièvre, Philippe, je lui propose de faire un bout de chemin ensemble, et on est reparti, pour la descente sur 2 Bras que l’on fera à fond les manettes ! Voyant assez mal le relief, je colle et saute dans ses pas, mais son allure est trop soutenue et je peine à le suivre, je sens mes ampoules éclater dans mes chaussures, ça chauffe sévère ! Dans le lit de la rivière je prends la tête et zigzague entre les blocs à la recherche du chemin. La fatigue se fait de plus en plus forte, je titube et trébuche par manque d’attention. Je pensais avoir un guarana à Aurere, mais par mégarde je l’ai mis à Dos D’âne, trop loin…Quatre traversées à gué de la rivière des Galets et nous voilà au ravito de Deux Bras, tous les deux vraiment à plat.

 

 

Deux Bras à Dos d’Ane

 

 

 

On se pose pour un ptit thé. Philippe commence à piquer du nez sur la table, je lui dis que je préfère ne pas m’attarder sinon Morphée aura aussi raison de moi, et j’attaque doucement la montée de Dos d’Ane.

 

Comme l’année dernière, cette rude montée se fera à quatre pattes ! je tire sur tout ce que je trouve, câbles, cailloux, racines… A cause de la fatigue, il m’arrive de viser à côté, de louper la prise et de me trouver en déséquilibre précaire face au vide… brrrr…. Ressaisis toi !! En contre-bas je vois se rapprocher tranquillement une lueur. A la moitié de la montée, c’est Christine Bénard qui me rejoint, toujours 2 ieme féminine et qui prend la tête de la cordée. On discute et le temps passe plus vite. Ca y’est, le bosquet de bambous, les dernières marches et voici les réverbères de Dos D’Ane, ouffff, soulagement. On continue sur notre lancée ensemble. 30 min plus tard on arrive au stade, il doit être 2h du mat’, et les courageux parents de Sandrine sont là pour me ravitailler dans le froid de la nuit. Je m’enfile une part du délicieux cake de Sandrine fait avec amour pour l’ensemble de l’équipe.

 

 

 

Dos d’Ane à l’arrivée

Et on repart. On continue à papoter, Piton Bâtard est avalé, il ne reste plus que ces satanées marches à franchir. Pour le coup, je suis content qu’il fasse nuit pour ne pas avoir à courir là dedans.

 

 

 

 

Aux kiosques d’Affouches, la deuxième aube se lève, deux thés plus tard on repart, en trottinant cette fois sur la piste forestière. Dire que je l’avais faite en marchant l’année dernière… Le froid du petit matin me durcit les jambes et les articulations, dure la remise en route. Le chemins aux goyaviers est là, Christine s’élance dedans en galopant, je peine à la suivre. Je pourrais marcher, et m’éviter des douleurs supplémentaires, mais j’ai hâte d’arriver, d’en finir, de revoir Sandrine. Je m’accroche au rythme effréné de Christine, double encore un coureur et arrive au Colarado. Je profite de l’instant 5 minutes, car ça commence à sentir bon l’arrivée, les premiers rayons de soleil arrivent.

 

 

 

 

Je dis à Christine de filer, moi je vais y aller mora mora… Elle refuse et me motive pour finir ensemble, c’est sympa. On descend sur un gros rythme, mes pieds ne sont que douleur, je sens chaque gravier, chaque racine à travers mes semelles (j’aurais dû chausser mes hardrock !). Un coureur recolle et nous dit que ça revient derrière, alors, contents d’intégrer le top 50, on accélère encore pour défendre la place. Sandrine est là juste avant le pont !! La dernière ligne droite est un moment de grand bonheur, une larme de soulagement s’envole. Maud court avec moi ainsi que Sam qui a massé toute la nuit les premiers arrivants. Je franchis la ligne, derrière Christine également aux anges pour cette 2ieme place féminine inattendue, bravo à toi et merci !

 

 

Une édition 2007 à jamais gravée dans ma mémoire, vécue différemment de celle de 2006. Mon contrat est rempli, je souhaitais mettre autant de temps que l’année dernière, mais terminer un peu moins éprouvé : 31h35, tendinite au genou qui a tenu bon avec serrage de dents, et de bonnes ampoules. Le plaisir a été au rendez vous, c’est l’essentiel.

 

 

 

 

Ma surprise vient du classement : 47e scratch, 29e Senior. L’hécatombe d’abandon a aussi été importante devant.

Flo, un GRR sans problème au releveur, c’est génial !!! en plus tu peux marcher après !! ,o) C’est une petite revanche sur 2006, ou ce foutu pépin physique m’avait fortement handicapé.

Mais tout seul, je ne serais jamais allé au bout, un grand merci :

à mes collègues de course : Seb, Yann, Christine, Philippe, 

à nos ravitailleurs hors pairs : Flo, Jean Louis, Maud, Jean Yves, Didier, Parents de Seb, Béré,

 

à nos supporters de métropole : Béru, Clem, Nadège, Rom, Papa Maman Grand Frère Aurélie…

 

à ma Doudou avec qui je partage tous ces moments intenses

 

et bien sûr à toute l’équipe A2R, tous, coureurs, supporters et ravitailleurs autant que vous êtes !! Sans vous et la bonne ambiance de l’équipe, jamais je n’aurais eu le courage et  la motiv’ pour aller faire tous ces entraînements indispensables si l’on souhaite finir cette course de fous et de folles !

 

 

 

 



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26 octobre 2007 5 26 /10 /octobre /2007 17:33

Oui, je me suis fait plaisir sur la première partie mais…non, c’est fini…

 

 

lisez plutôt la suite…

 

 

Avec Flore, on avait essayé de prévoir au maximum, pour bien gérer notre stress et attaquer cette épreuve dans les meilleures conditions ! montée à Cilaos dans l’après-midi, repas à 19h (pâtes bien sûr + compote), dodo ensuite, réveil bien 2 heures avant pour que le petit déj (640 pour moi) soit bien descendu au moment du départ (4h), 1eres pensées pour les Grands qui sont déjà partis ! « Allez, tenez bon ! »…Et l’imprévu arrive : la poche de Flore est percée…ZUT…Bruno qui m’avait tellement effrayée avec son semi raid d’il y a deux ans m’avait convaincue d’emmener une deuxième poche. Et là, je me suis sentie si bête…J’avais effectivement une deuxième poche identique à la mienne mais sans les fermetures (bouchon, pipette)…Désolée Flore…Panique, heureusement que Bruno et Jean Louis sont là ! Mais c’est donc l’estomac un peu noué de cet événement qu’on se retrouve sur le stade. Des connaissances : Gilbert, un viticulteur de Cilaos, les copines de Flore, René, Bruno…cela fait plaisir d’être entre « fous ». L’attente (bien qu’on soit arrivé tard) est longue. Puis : 5…4…3…2….1…PARTEZ ! et là, comme au grand raid l’an dernier, ça part vite, très vite ! On envahit Cilaos. « Flore, bon courage, ne lache pas, tu vas y arriver ! ! » Puis le peloton de course s’étale de plus en plus mais je reste très très entourée. On file sur la route du Taïbit : je me sens bien ; je crois que je ne suis pas trop réveillée et que le corps suit sans se poser de questions. 

Cilaos – Marla (13 km, 2h20 de course)

On arrive au pied du Taïbit : « Ouah les lucioles géantes éclairent déjà quasiment tout le sentier ! » Ravito express, pas de pointage. Et mais c’est Franck ! « T’es là, ça fait plaisir de te voir ! Oui, à plus tard ! » Franck c’est l’ami d’enfance de ma cousine. Je n’ai pas trop espoir de le revoir sur cette course. Il est moniteur de sport, c’est un bon ! Montée du Taïbit : de nuit, on perd vraiment ses repères, avec 60 km dans les pattes ou juste 7km, c’est pareil. Ce Taïbit, on avance pas et pourtant, le rythme est rapide. Je suis littéralement asphyxiée par les « rejets  boucané lentilles » : moi qui adore les lentilles, là j’en ai ma dose ! ! ! et puis, j’ai beau dépasser les coureurs, les odeurs sont toujours là : quelle horreur ! ! ! Je pense à Steph sur la dernière sortie à Cilaos ! Et puis le soleil se lève, enfin les rayons éclairent les sommets du cirque : les montagnes rouges, c’est superbe ! Je suis super contente d’être là ! Le sommet, vite : « tiens Franck ! t’as le droit de me semer en montée mais pas en descente ! » Mais les autres coureurs ne descendent vraiment pas assez vite !  impossible de doubler…tant pis, je me réserve. L’arrivée sur Marla permet quelques dépassements : le bonheur ! de l’air pur (enfin) et un goût d’enfance, aux côtés de Franck, on cavale ! Ravito express encore une fois…Franck a l’air moins pressé mais me suit.

 

 

Marla – Deux Bras (40km, 6h40 de course)

Allez, Marla / Plaine des Tamarins, on a dit 1h ; petit raidillon de 20 min. Un gel, c’est parti. Super dans les temps ! « Coucou Jean Louis ! T’es seul ? t’as pas trop froid ? et les autres ? – René a tracé, toi aussi, dis donc ! – Heu oui, le coach dirait que je vais peut-être un peu trop vite…Mais j’en profite tant que j’avance… Merci ! A plus !» Express encore…La descente : moi j’aime la boue ! ça glisse, je suis très à l’aise ; en plus, le peloton s’est enfin distendu, j’ai de l’espace ! Recharge d’eau et ADEP après col de fourche puis passage rapide en bord de route alors que beaucoup de coureurs s’arretênt: « Allez Sandrine ! Sandrine de la DAF !  - pas mal ! moi c’est CNASEA ! merci ! » (mais je ne peux pas vous dire qui c’était ? si l'inconnu se reconnait...). Et la descente vers le sentier scout. Un coureur me coache : « respirez Madame, soufflez, allez ! » La descente est longue. Je suis encore braquée sur les temps : on avait dit 1h30 pour arriver à Aurère, vais- je y arriver ? ? ? ? enfin la première case de la plaque, ça devient plus dur mais je me répète qu’en principe, c’est une partie agréable à courir sous les filaos. Les enfants d’Ilet à Malheur nous proposent des oranges : sympa ! « Allez Sandrine ! » (tiens comment elle sait ? elle n’a pas pu voir mon dossard ! Je tourne la tête) « Ah ! Salut Audrey ! ! ! » (copine de lycée, instit à Mafate). C’est rigolo de voir des têtes connues, cela fait plaisir ! Allez montée d’Aurère : il fait chaud, très chaud…pourtant c’est à l’ombre mais l’air est sec et la tête tourne un peu. Seb a dit de bien boire. Allez, ça va pas durer.  « Madame, encore un petit quart d’heure et c’est fini ! » (Ouais, je suis pas sûre…la fin est loin…est-ce qu’il dit ça à tous les coureurs ? j’espère qu’il a tenu compte du fait qu’on va moins vite que les premiers ! ). Enfin, le sommet, mais où donc est cette école ? Je puise dans mes souvenirs grand raid et puis : « Marie, cool ! T’es là ! » Mag me pointe. Un copain de Raph est là : Olivier (escaladeur). Je pensais pas le rattraper. On parle mais Marie est efficace (recharge de gels, eau) ; grignotage et enfin des nouvelles des Grands ! Doudou fuse ! Les autres vont bon train. Cette pause m’a fait du bien ; je repars. 1h de descente d’après Olivier : faut se dépêcher alors ! Il me demande quel temps j’ai prévu : 12 à 14h. « A ce rythme  là, tu vas y arriver ! - Je suis pas sûre, faut pas trainer ! » Et c’est reparti.

 

 

Arrivée à Deux Bras après avoir un peu trottiné mais l’estomac a faim : pas très bon. Le sandwich dans le sac ? J’y pense même pas : trop dur à avaler, course trop rapide…Tiens Franck de nouveau ! ! ! Cela doit faire au moins 15 min qu’il est là, toujours zen avec Laurent (autre copain d’enfance).  J’engloutis une banane et après leur avoir donné des nouvelles de mon homme, je  leur dis : « vous me rattraperez dans la montée ».

 

 

Un peu de gel avant d’attaquer et là…début de l’agonie.

 

 

Deux Bras – Dos d’Ane (47 km, 9 h de course)

Hé oui, cette fameuse montée... Je savais que j’allais prendre un coup, mais je la connais. « Le dernier tiers est horrible, le reste, ça va » : quelle blague ! ! comment ai-je pu dire un truc pareil un jour ! C’est fou au grand raid avec 100 km de plus, j’ai presque apprécié cette montée ? ! ! ! je ne sais pas si c’est la banane mais alors…1h45 pour monter ! et à chaque pas, je me sentais lourde ! Les coureurs qui ne connaissent pas me disent : « mais c’est horrible ! - et encore, le pire est à venir… » Franck passe puis Laurent qui reste un peu avec moi… « Allez Sandrine, accroche le train … - Heu doucement doucement… » Je pense au ravito : Tatie doit m’attendre depuis 10h…je change de chaussures ? non, je repartirai pas sinon…faut écourter la pause au max…Aye aye aye mais quelle horreur ! Quand je pense que j’ai dit à Flore que ça montait pas trop dans cette course…. Surprise en haut : Bruno ! Aye, ça va pas, il est pâle et lâche l’affaire…l’UTMB laisse des séquelles…ne tardons pas parce que sinon, je vais y rester aussi.

 

 

Enfin le stade mais dur de respirer jusque là dis donc…je ne sais plus par où commencer : recharger l’eau, les gels…Le classement me remonte un peu le moral : tout le monde est à la rue en ce moment ! Tiens Franck avec son bébé ! Il fait encore une grande pause.  Tatie me masse  les jambes, ça fait du bien. Je lui laisse ma gourde trop lourde. Son délicieux gâteau qui m’avait aidé à finir l’an dernier ne passe pas…Mauvais signe. Elle ne sait pas trop où en est Raph.

 

 

Allez, c’est reparti pour cette fin que je garde comme excellent souvenir au Grand Raid !

 

 

Dos d’Ane – St Denis (67 km, 13h48 de course)

L’ascension : faut se motiver là ! mais impossible de respirer. Une douleur dans le bas ventre, insupportable. Je suis malade ou quoi ? ! ! ! et douleur dans le dos aussi, terrible. Sur les hauteurs de Dos d’Ane, je me dis : c’est ta sacoche : le lait nestlé et tous les gels et barres que tu n’as pas mangés, te cassent le dos. Impossible de courir sinon, l’estomac va aller mal. Les coureurs et coureuses passent…dur dur le moral. Et ce chrono…ZUT…je prends la sacoche en bandoulière (ce qui me coince encore plus le thorax mais soulage le dos). C’est fini les courses longues ! Ca fait trop mal ! Trop dur, pourtant les jambes vont bien, je ne titube pas, je sens qu’elles peuvent encore pousser, malgré les douleurs (habituelles) de l’épreuve…elles sont où les « endorphines » ? ? ?  Je ne suis pas montée assez pour en sécréter on dirait ! Je pense à Raph, aux autres…je pleure d’avance pour eux quand ils auront à passer par là…Les pauvres… et puis d’un coup, plus mal au dos et surtout le déclic : arrête de penser au chrono, tant pis pour le classement ; il y a qu’un objectif valable, c’est de finir ! ! Allez, avance ! le reste : oublie !

Plaine d’affouche : la bande à Franck (qui m’a redoublé) est là. Un coca et je repars. Aye ! trop vite, pas bon, pas bon du tout…Beurp…non pas ça…ça va être pire après, non …trop tard.. . un endroit de plus dans l’île où j’ai posé ma marque…au moins, le coatch pourra pas dire que je suis pas allée au bout…c’est le bout, là non ?  Laurent est inquiet : j’ai vraiment une sale tête. Mais je leur dis que doucement j’y arriverai et que ça m’énerve d’être allée plus vite l’an dernier sur cette partie…Comment j’ai pu courir à fond, là, l’an dernier ? mais comment j’ai fait pour avoir cette sensation de vitesse ? ce que je me traine aujourd’hui! ! ! Maman inquiète remonte le sentier et me retrouve près de la « boule » du colorado, toujours pliée en deux, à respirer comme un petit chien. « Maman, ça va pas ! – il est hors de question que tu repartes dans cet état, tu vas voir le médecin ! – tu crois…mais il reste que 5 km… ». Les nouvelles de Raph (qui carbure) et des autres coureurs me réconfortent ; ils avancent : « allez, tenez bon ! » Au ravito, allongée je respire mieux…mais quand le médecin me dit : pouls à 69, tension à 13/6 ! alors là, d’un bond, je me relève ! « Quoi, je rêve ? ! même au repos je ne suis pas à 69 mais je fais une promenade de santé ou quoi ? ! ! ! je repars ! – Madame, vous avez le temps, vous êtes quasiment arrivée ! Reposez-vous ! Non, je repars si vous me le permettez ! »

Et puis, la fin comme les km précédents…sans sacoche, avec le lait nestlé (sur les conseils de Géraldine et c’est efficace !) et un gel en main, pliée en deux, respiration « petit chien » toujours…Maman me rejoint. C’est presque la fin ; Cécile appelle, Patou aussi : Maman répond car moi je ne peux pas respirer, marcher, parler, manger…et petit sprint sur le stade, dur dur mais c’est la fin. Rebelote chez le docteur. Même pas le temps d’embrasser Papa qui est là, Tatie…Paramètres excellents (glycémie à 1.6, pas de fièvre), ce qui contribue à m’énerver. Est-ce que je me joue la comédie ? je suis pas un peu folle ? et Dr Samira vient me sauver…elle me débloque le diaphragme et là : ouf, enfin, je peux respirer ! ! ! !  

Et ce n’est qu’après, après avoir évacué toute cette colère, et que Raph termine aussi son épreuve de fou, que j’ai pu apprécier vraiment : finalement, c’est pas si mal ! et puis, surtout, j’ai fini !

 

 

Merci ! Merci à vous tous pour les encouragements ! Merci d’y avoir crû car moi j’ai beaucoup douté sur la fin ! Merci à Seb pour le suivi régulier de l’année sur l’entrainement (qui a quand même bien payé, il faut le reconnaître) et le briefing avant course, Sam pour les préparations (réglage genoux, bassin…) et la délivrance, Yan, Steph, Jo pour les conseils, nos supers ravitailleurs qui nous font vraiment du bien (les filles à Aurère, Jean Louis, Flo même si je ne t’ai pas vu, Tatie qui m’a redonné des jambes, Maman…) et tout ceux qui m’ont soutenu ici en chair et en os ou par la pensée (Did, Vincent, Christophe, Tonton, Nif, Patou… ou de plus loin Nadège, Rôm, Peka, Daniel et Annie, Vincent, Cédric, Christian…) et à tous ceux qui ont partagé l’épreuve avec moi ! Merci à l’équipe A2R (Flore, Cécile, Valérie y compris !) pour l’ambiance chaleureuse et les moments extras que nous partageons !  Et un grand merci au Doudou avec qui je vis ces moments fabuleux et qui supporte les doutes et angoisses des avant courses !

 

 

Dédicace spéciale à Illana que je remercie mille fois pour son petit mot ! ça vaut 20 « coups de fouet + sprint air » au moins !

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 17:47

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 16:51
 

Ça y est, le 15ème Grand Raid de La Réunion, le 7ème à titre personnel a rendu son verdict. Retour sur une course mythique...


2 400 folles et fous prêts à en découdre

Nous voilà tous réunis à Saint Philippe, il est 23h. Déjà une bonne heure que je discute fébrilement avec Geneviève. Faut dire que la quinzaine précédente a de quoi mettre le doute aux plus optimistes... Mauvaise grippe suivie d'une douleur à l'estomac des plus tenaces. J'essaie d'en faire abstraction, pas trop rassuré le Seb. Ça y est, les compères A2Riens sont là : Joël le vieux lion, Stef le Delebarre local, Raf le champion toute catégorie, Yan le tueur, Doc ... le doc (ouais, facile), Line, Marie Agnès et Geneviève, nos trois drôles de dames. Petite photo de famille, quelques mots rapidement échangés, la tension est palpable. C'est l'heure des incertitudes où tout est remis en cause. Le traditionnel contrôle des sacs débute avant de gagner timidement la ligne de départ au milieu de ces milliers de folles et fous. Quelques discours se succèdent, l'appel des favoris et c'est le gong. 0H, l'heure du doute... Yan est à mes côtés lors des premiers mètres, c'est la cohue, nous nous faisons littéralement propulser contre le muret, difficile de résister. La course part vite comme à son habitude, on cherche notre souffle avec Raf qui a recollé.


Cap Méchant - Foc Foc

Le rythme est régulier, chacun est appliqué à la tâche; ravitaillements fréquents, relâchement sur les faux plats. Tout va bien, quelques mots rapidement échangés, on est dedans. Raf prend quelques secondes d'avance pour refaire le plein, Yan et moi abordons le sentier de Foc foc tranquilles, dans les temps prévus. Le début de la montée est raide, on le savait, pas de souci, on gère... jusqu'à... cette panne. Je ne sens plus mes jambes, mes forces m'abandonnent et des étoiles apparaissent ailleurs que dans le ciel. J'essaie de me calmer, de m'alimenter mais là aussi, c'est la panne. Impossible de manger ni de boire quoique ce soit. La grimpette devient calvaire, je ralentis puis ralentis mais m'interdit l'arrêt, Tout ce qui est pris n'est plus à prendre. Les concurrents me passent les uns après les autres, même ceux qui défaillent se font la belle. Cauchemardesque ! Je me traîne, je ne m'alimente toujours pas et mon moral s'effondre. Arrivée à Foc foc au ralenti, le ressort s'est cassé.


Foc foc - Mare à boue

Le relief s'aplanit, je marche vite et reprends quelques concurrents. Ça a l'air d'aller mieux, j'ai pu boire un peu de coca mais mon estomac brûle, je sens qu'il se refuse à moi. Je relance, gère et parviens enfin au Volcan. La maman de Sandrine est fidèle au poste, elle me donne mes précieuses pommes de terre salées. Je mange enfin un peu, reprends quelques forces pour fondre vers Mare à boue. Cette partie de parcours du GR est ma préférée, terrain souple, relances agréables, paysages somptueux. Je prends enfin un peu de plaisir, il était temps. Mare à boue me tend ses bras ainsi que le papa et le frère de Sandrine épaulés de Bérénice. Ravitaillement court mais efficace, un peu de soupe et nada... Je repars avec un mental regonflé mais l'estomac creux, rien ne passe. Ma défaillance est derrière moi, du moins en suis je convaincu, maintenant, « à l'attaque »...


Mare à Boue - Cilaos

J'attaque le Kerveguen à la fraîche mais les sensations sont moyennes. Incapable de galoper, j'opte pour la marche rapide. La boue succède à la boue, quelques gouttes de pluie s'invitent à la fête, tout cela semble de bonne augure. Hélas, dès lors que la pente s'élève, je me sens à nouveau défaillir. Plus de jambes, plus de jus, plus d'envie, c'est le calvaire. Les concurrents me dépassent à la vitesse de l'éclair tout en discutant : « Oté, nou sa pa dor tèr la, accélèr un ti peu »... « lèss à mwin prend dé trwa foto »... Ouais, et moi qui pioche comme un damné pour lever les guiboles, ça en deviendrait presque vexant. La fin de la montée vers le gîte du Piton est un chemin de croix, je n'en peux plus et mon ventre crie famine tout en me faisant terriblement souffrir. Le mental est au plus bas, j'essaie de trouver des images positives : France - Allemagne de 82, non, pas bon, on paume aux pénos; France - Italie de 98, ouais, on a une chance de cocus... J'ai beau chercher, rien ne peut me sauver. Tiens, OM - VA de 92... et si on payait les 2 400 raideurs pour qu'ils feignent l'abandon ? Ok, je m'égare.

Je bascule vers Cilaos en me remettant en petites foulées, je vous rassure, dix petites minutes et puis s'en vont ! La machine semble cassée, je me sens vidé, épuisé, à bout de forces. Ma décision est prise, mon périple s'achèvera à Cilaos. Mon objectif cette année devait m'emmener dans les 30 premiers, je baisse les armes et capitule, je n'en ai pas les moyens sur cette édition, faut se résigner. Autant rentrer sagement et sans bobos à la case. Il me faudra près d'une heure et quinze minutes pour descendre le bloc puis trente bonnes minutes pour gagner le stade. Mes parents m'attendent et constatent les dégâts. Je m'écroule avec mes dernières volontés complètement épuisé, sans aucune ressources. Les rêves s'envolent, c'est dur, très dur, surtout quand on se prépare physiquement et mentalement depuis dix mois, qu'on se dit qu'on va le faire, que tout est question de volonté et qu'on se répète inlassablement :  « qui veut constamment peut forcément »; quand on organise une bonne partie de sa vie autour de cet objectif alors, oui, la déception est immense.

Je tente de faire le vide mais le coup fait très très mal. Je reste allongé, tout s'arrête... blanc... biiiip... censure... je garde pour moi les minutes qui suivent...Je dors, je ne sais combien... 2h30 m'apprend ma maman. Phil et Stef sont là, sereins, heureux de leurs périples. C'est géant. Je me lève, tâte mon côté de jambe, dossard toujours là. Je suis encore en course. Je réfléchis à peine, la décision est prise, je REPARS. Je veux aller au bout quelque soit le résultat, j'en ai trop bavé à Mayotte. La présence de mes deux dalons me rassure, il faut foncer sans tergiverser.


Cilaos - Roche Plate

Un fond de bol de soupe, toujours pas moyen de m'alimenter correctement, et ça repart... prudemment; la descente vers Bras Rouge est raisonnable, la remontée également. Je gère pour éviter la casse mais visiblement, les presque 4 heures de halte m'ont été bénéfiques. La deuxième partie vers la Taïbit se complique, les vieux démons ressurgissent. Mes jambes faiblissent, mon énergie s'amenuise au fil des kilomètres. Je stoppe chez les tisaniers et m'octroie une infusion « ascenseur ». Je repars avec difficultés, ce GR est décidément horrible. Je bascule enfin vers Marla puis retrouve le dernier ravitaillement diurne. Je m'assoies, récupère et miracle, parviens à manger pâtes et poulet. J'en aurai presque les larmes aux yeux. J'exulte ! La course va enfin pouvoir commencer... Ma ballade nocturne vers Roche Plate est agréable, les jambes vont mieux, je dépasse un à un les concurrents. La folle remontée démarre. J'arrive à Roche Plate, ravi de voir Flo et Jean Louis. Leur assistance est précieuse et le bonheur est dans le pré ! Leur simple présence me procure une joie immense, c'est du pur bonheur. Je me restaure, ça y est, mon estomac est redevenu mon allié. J'attaque le Bronchard le mors aux dents.


Roche Plate - Dos d'âne

La descente s'effectue lentement, la visibilité est réduite, le danger guette. Je franchis la rivière puis me lance vers 700 m de grimpette. L'envie et le plaisir sont présents, c'est bien l'essentiel finalement. Les séquelles de ma première moitié de parcours sont réelles, mon moteur a des râtés ! Pas grave, l'important est ailleurs. Mes enfants m'ont promi un accueil de champion à La Redoute, j'y serai... La nuit se rafraîchit, je m'arrête quelques minutes à La Nouvelle puis me lance à l'assaut du col de Fourche. C'est très très moyen, ma forme est petite mais mon mental à bloc : « bats toi, vas au bout, accroches toi ». J'ai dû ressasser cette phrase des centaines de fois. La descente vers Aurère s'amorce, je déroule avec des jambes lourdes. Il doit être 1h lorsque je rencontre Bérénice au ravitaillement du sentier Scout. Elle attend le Doc et m'apprend que Yan a déposé les armes ici même. Le coup est rude, énorme déception pour mon dalon avec qui je partage mes heures d'entraînements, avec qui j'échaffaude chaque jour un plan de course différent, avec qui je partage rêves et passions. Tout cela fait très mal mais c'est la course. Ces épreuves serviront un jour à nous dépasser, patience.

La descente vers Aurère est sympa, je trottine tout du long et me régale. La nuit sur Mafate est magique, j'éprouve un énorme plaisir d'être seul, ici. La petite grimpette sur Aurère fait mal, je ralentis la cadence. Marie et Nolwenn sont présentes au ravitaillement, cela fait du bien de les voir. Je me sens frais, ma remontée est étonnante (486° à Cilaos, 131° à Aurère). Le classement ne m'intéresse plus depuis fort longtemps mais avouons que l'égo se trouve ragaillardi. Les cailloux succèdent aux cailloux, une légère douleur au genou gauche m'incite à ralentir. J'atteins 2 bras sur une jambe (facile !) vers 4h30 et mes paupières deviennent plus lourdes que mes cuisses. Le repos devient nécessaire, je m'octroie 10' de sommeil dans une tente militaire où l'atmosphère est ronflante. J'avale un bol de riz,m'excuse auprès du militaire en faction de ne pas faire honneur à son plat - « pas grave, tu seras pas fusillé » -, puis me lance vers la terrible montée de Dos d'âne. Le jour se lève lorsque je franchis la dernière grosse difficulté du GR et il faut dire que curieusement, je suis bien ! Je respire profondément, hume ces subtiles odeurs du petit matin en me réjouissant d'être encore présent sur la course. J'arrive ti lamp ti lamp à Dos d'âne et retrouve ma dulciné, ça aussi s'est bon, même meilleur que les odeurs... L'arrêt est bref mais appréciable. Je m'essaie au cake salé, sans succès, décidément ce GR aura été celui de "la mal bouffe".


Dos d'âne - La Redoute

C'est la dernière ligne droite et quoiqu'il arrive ... je parviendrai à mes faims. Je me rassasie de ces nourritures spirituelles avant de m'attaquer au morceau de choix : Piton Bâtard. Les jambes tirent mais qu'importe, à cet instant précis, je suis l'homme le plus comblé de la terre. Bien loin de mes performances antérieures certes, bien loin de mes objectifs rêvés il est vrai, mais réjouis d'être là, tout simplement et fier de n'avoir pas « lâché l'affaire » à Cilaos où les bookmakers les plus optimistes me donnaient à 1 000/1 ! Les kilomètres défilent, je ne double plus grand monde excepté quelques éclopés qui achèvent leur chemin de croix. On échange des mots réconfortants, la solidarité des héros...

Le Colorado est déjà là, tout est vraiment question de relativité, et ma moitié également. Bruno m'encourage, ça fait chaud au coeur, d'autant qu'il doit être grandement déçu d'avoir jeté l'éponge lors du semi. Mes parents qui ont fait le déplacement depuis le sud pour m'espérer à l'arrivée sont également présents. Que du bonheur ! Un bisous à la sauvette de Cécile puis j'entame la dernière descente de la course, Colorado - La Redoute. Je hausse le rythme, malgré mes pieds qui brûlent, et savoure intensément chaque minute qui s'écoule. Elles sont importantes, je me régale à nouveau, seul face à moi même... 40 petites minutes plus tard et j'atteins le stade tant désiré, tant redouté aussi (facile !) et retrouve Katell et Renan qui acceptent de parcourir les derniers mètres aux côtés de leur papa. Sandrine, ses parents, Raf, Bruno, Valérie, mes parents, Cécile m'accueillent avec enthousiasme. LE PIED... finalement, faut pas grand chose pour être heureux !

L'aventure s'est donc achevée au terme de 34h et 34 minutes d'efforts extrêmes. Ma course n'est probablement pas celle dont j'aurais pu rêver mais je ne bouderai pas le plaisir d'avoir vaincu ce GR si coriace. J'adresse très sincèrement des millions de remerciements aux accompagnateurs et aux ravitailleurs sans qui rien n'aurait été possible. Je m'apperçois une fois encore de l'importance de leur rôle, chapeau bas à tous, on vous doit beaucoup.

 Cécile, Katell, Renan, Maman, Chris, vous comprenez, je suis sûr, à quel point ce sport est passion, il est en moi. Il me rend heureux et épanoui, il est un de mes moteurs de vie, c'est en lui que je puise bon nombre de mes ressources. Merci de votre patience, de votre tolérance et de m'autoriser à rêver chaque fois davantage...

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 14:34

 

 

 

 

151km d+/- 9200m… et quelques tonnes de boue sur les sentiers.

 

 

 

 

En 2000 j’avais fait 523ème en 32h41, en 2001, 317ème en 30h12, en 2002, 276ème en 30h39 et en 2006, j’ai bâché à 30 bornes de l’arrivée pour cause de tendinite aiguë d’un releveur, alors que j’étais sur des bases de 32h et à la 178ème position.

 

 

 

 

2007 s’annonçait donc un peu comme une revanche, avec le désir mélangé de bien faire sans me faire mal. Aller au bout restant la priorité.

 Une saison bien chargée volontairement, et quelques grosses sorties dans les 3 derniers mois me permettent d’envisager sereinement cette édition 2007 qui s’annonce particulièrement dure. Je n’ai aucun bobo, pas de début de tendinite à l’horizon. Juste un peu de fatigue à cause d’une grippe 3 semaines avant et les 3 dernières nuits avant la course qui ont été un peu courtes. Il y a du monde au magasin, et en plus de mon stress, je prends en pleine poire celui de mes clients qui arrivent à la dernière minute pour peaufiner leur équipement.

 

Line qui va faire son premier grand raid est aussi un peu sur les nerfs… Elle se plaint du dos, doute de finir, dit qu’elle n’est pas prête.

 

Jeudi 18. Je ferme la boutique vers midi et je rentre à la case. Un peu de riz chauffé, et au lit.

Je somnole vaguement aux côtés de Line, et nous décidons de nous lever vers 17h. Le départ est à minuit, et on a de la route à faire.

 

Je vais chauffer un café. Line m’appelle : son dos est bloqué. Lumbago .

Merde !

 

 

On appelle notre ostéo, y’a urgence. Il peut la voir à 18h30. ça tombe bien, il est à St Paul, là où des amis doivent passer nous prendre.

 

Je prépare nos bagages et nous descendons à St Paul. L’ostéo manipule prudemment Line et nous allons attendre notre taxi au bord de la baie de St Paul. Line souffre. Je l’allonge sur un banc et lui dit de souffler, de se détendre. La manipulation faite, il reste toujours les inflammations du lumbago.

 

 

En voiture vers le sud. Ça papote grand raid, et deux heures après nous arrivons à St Philippe.

 

Line a du mal à sortir de la voiture. Je lui conseille de rester allongée pendant  l’heure qu’il nous reste avant le départ.

Elle arrive ½ heure avant sur le stade. Elle a l’air d’aller mieux. Je suis très inquiet quand même.

Tous ces mois d’entraînement, toute cette préparation. Elle tient à prendre le départ, et avisera si ça se passe mal. Bravo ma Poupette, tu es très courageuse.

 

On remplie nos poches à eau et nous allons rejoindre la foule des raiders qui piaffent d’impatience. J’aimerai me poster plus vers l’avant, mais nous sommes arrivés tard et Line n’ose pas trop faire le forcing. On se retrouve donc en plein milieu de la foule.

 

10, 9, 8, 7 les premiers n’attendent pas et les fauves sont lâchés. On se retrouve emportés par la masse, broyés, comprimés. J’ai peur pour Line qui doit lutter des coudes et des épaules du haut de ses 1,55m…

On sort enfin du stade et on commence à trottiner sur la route nationale.

« ça va ma doudou ? Ton dos ? »

« C’est bon, mais c’est de la folie ce départ ! »

 

Je cours tranquillement à ses côtés pendant 2 kilomètres, et puis je décide de partir à mon rythme. Un bisou, quelques recommandations, et c’est parti.

 

 

Je suis arrivé maintenant au début de la route forestière. Une dizaine de km de montée régulière jusqu’à 600m d’altitude. J’applique la « méthode Cyrano » : 15’ de footing / 1’ de marche. Je double en permanence. Bonnes sensations, mais je suis très vite trempé comme une soupe. Il fait chaud cette nuit.

Au début du sentier, je prends le temps de refaire le plein, à l’écart de la foule, calmement. J’entame cette portion avec prudence. Il nous faut monter jusqu’au volcan, à plus de 2000m, en file indienne dans une ravine, sans possibilité de doubler ou presque. L’an dernier, j’avais laissé beaucoup de jus en essayant de dépasser coût que coûte. Prudence.

 

 

On sort enfin de la forêt, et le froid me picote le bout du nez. Je fais une pause vestimentaire.

 

J’enfile le bonnet, les gants et mon coupe vent. Un copain qui est en poste au volcan m’appelle et m’annonce 3° là-haut.

 

 

Petit à petit, le jour se lève. C’est magique. D’abord un trait rougeoyant à l’horizon sur une mer de nuage, puis une belle lumière qui vient inonder le site du volcan et réchauffer nos carcasses. C’est marrant, les coureurs se mettent à parler, imitant les oiseaux qui pépient autour de nous. Le jour se lève sur une grosse journée pour tout le monde. Je jette un coup d’oeil en contrebas. J’ai une pensée émue pour ma Poupette. Elle doit serrer les dents.

Allez ma Doudou ! ça va le faire.

 

 

Un gars est enroulé dans sa couverture de survie, livide.

 

« ça va ? »

« je me suis cassé la jambe, j’attends les secours… »

« ok, bon courage »

Dommage. Faut dire que ça glisse pas mal dans le coin, un vrai marécage par endroits.

 

 

Foc-Foc : ravito, km 23 et 2300m d’altitude. Une bonne chose de faite ! Nous sommes à présent au bord de l’enclos du volcan. C’est magique ! C’est pour moi la plus belle partie du raid. Je ravitaille, resserre mes chaussures, sors mon coupe vent et repars vers la route du volcan, prochain ravito, plus complet, où m’attend mon assistance.

 

 

J’ai un début d’ampoule au pied gauche. Chaussure mal serrée depuis le début. On verra ça plus tard. Je trottine, je relance doucement, je marche dans les petites bosses, je gère.

 

 

Route du volcan, km 31. 6h23’. Ça fait une bonne demi heure de plus que l’an dernier. C’est bien, c’est ce que je voulais. Ne pas trop bombarder sur cette première montée. Ce sera long pour arriver à St Denis ! Michel qui tient le poste informatique m’annonce 697ème.

 

 

Je retrouve notre poste d’assistance « A2R ». Maud m’aide à ravitailler. Je retrouve là Le Doc et Steph. C’est super ça ! Nous sommes en équipe tous les trois, et je trouve ça super de se retrouver là ensemble. Steph repart le premier et je lui emboîte le pas quelques minutes plus tard. Le Doc gère ses pieds. Je file.

 

La plaine des sables est toujours aussi belle et je savoure ces quelques kilomètres de plat relatif. Il y en aura peu jusqu’à l’arrivée.

Je gravis l’oratoire Ste Thérèse sans difficulté, au train. Enfin un peu de descente. Ça fait du bien à mes gambettes. Je trottine gentiment jusqu’au prochain ravito.

 

 

Piton Textor. Km 40.

 

 

Je retrouve là aussi une assistance. Hélène et son mari qui me passent mes affaires. Je décide de me poser un peu, et de soigner mon début d’ampoule. Steph repart quand j’arrive. Je sors mon collant, mes manchettes. Je mets une double peau sur mon début d’ampoule, je savoure un bon café tout en refaisant le plein de boisson et de gels. ½ heure d’arrêt. J’essaie de joindre Line, mais je tombe sur sa messagerie. Pas de réseau… Je repars avec Le Doc. Je le suis un moment, puis le double et file vers Mare à boue.

Mare à boue. Km50. 700ème. Il est 9h30.

 

Steph ravitaille. Je repars avec lui, alors que Le Doc décide de se pauser un peu. Je sors mes bâtons. Ils vont être très utiles dans l’interminable montée du coteau Kerveghen.

 

D’habitude, le coin est toujours un peu gras. Là, après 4 jours de pluie, c’est Verdun !

J’ai beau adopter un rythme de croisière, je sens que je pêche un peu. Steph part devant, je le rattrape quand ça bouchonne, mais il repart mieux. Je gère…

Cette portion va m’user les piles. J’arrive enfin au ravito.

  

 

Kerveghen. Km 59. 12h04.533ème.

 

 

Je ravitaille très vite car il fait froid, et j’ai hâte d’en finir avec cette montée. Il nous reste encore à gravir le sentier pourri qui nous mènera au point culminant de la course, au gîte du piton des neiges, à 2484m. Là, je suis carrément scotché. Pas de jus. Je me traîne.

Il me faudra pratiquement 1h pour faire ces 2,5km. Galère.

 

Arrivé au sommet je range mes bâtons pour la descente. Je préfère avoir les mains libres pour dévaler les 1100m de dénivelé négatifs qui s’annoncent.

Je connais bien cette descente. Technique sur son premier tiers, elle est très roulante après.

Bon, d’accord, d’habitude, c’est plutôt praticable, mais là, c’est gluant jusqu’en bas.

Je descends en souplesse. Je mettrai à peu près une heure pour arriver à la route.

Je bois un verre de coca, et je file sur Cilaos en alterne marche et course pour décontracter les muscles.

 

 

Cilaos. Km 69. 14h30. Je pointe 513ème.

 

Je retrouve notre assistance. Steph est là. Il va se poser un peu. Il y a aussi Seb qui dort sur une couverture. Il n’a pas pu s’alimenter correctement depuis le début. Ses parents veillent sur lui. Je prends une assiette de pâtes et un peu de jambon au ravito et je file me changer. Une bonne douche, un petit somme de 10’. Je change de chaussures aussi. J’enfile mes Hardrock de Montrail. Spécial Mafate.

 

Je repars après 1h07 de pause. Je traverse Cilaos et me dirige vers le sentier des porteurs. Et c’est parti pour la descente vers bras Rouge. Au début du sentier, un contrôle volant me permet de constater que je suis toujours dans les 500. C’est cool ça.

Je rattrape le Doc qui a fait lui aussi une bonne pause à Cilaos. Il m’apprend que Seb est reparti et que Steph ne devrait pas tarder. Décidément, notre équipe est soudée.

Au fond de Bras Rouge, je ressors les bâtons et attaque la remontée vers le pied du Taïbit avec le Doc. Il décroche très vite. Passage à vide. Je me traîne encore en montée. Décidément, je n’ai pas trop de jus aujourd’hui.

 

 

Pied du taïbit. Km 76. 17h16. 481ème.

 

Devant moi, une des grosses difficultés de la course : le col du Taïbit. D+ 800m. Je bois un thé, mange une banane et je repars au moment où Steph arrive. Il me rattrapera. Il m’annonce que le Doc est en vrac et galère dans la montée…

Je monte tranquille en poussant sur mes bâtons. Comme prévu, Steph me passe. Il est facile. Vas-y mon gars, tant que ça roule, avance ! Je double malgré tout quelques raiders et arrive enfin en haut du col. La nuit tombe à cet instant. Je me couvre et je bascule dans Mafate.

Mafate, mon terrain de jeu, mon cirque adoré. Le sourire revient.

Dans la descente, je double une bonne trentaine de gars. C’est un peu technique, et il fait nuit.

Moi j’aime bien.

 

 

Marla. Km 82. 19h24. 425ème.

 

 

Steph a attaqué un bol de soupe. Je m’en enfile un aussi, agrémenté d’un ou deux petits bouts de poulet grillé, assis au milieu de têtes un peu fatiguées. Steph repart.

« à tout à l’heure ! »

Descente technique jusqu’au lit de la rivière des galets. Il fait bon, je me sens bien. Je suis chez moi là. Bon, d’accord, je me plante en traversant une fois de trop la rivière, mais je reviens vite sur le tracé.

Trois roches. Petit ravito. Je repars avec steph. Il nous reste trois bosses à passer avant d’arriver à Roche Plate où nous attendent Flo et J.Louis, nos ravitailleurs de chocs. Il y aura aussi d’autres amis qui vont nous bichonner.

Décidément, Steph a la pêche et me distance de 5 minutes.

 

 

 

 

Roche Plate. Km90. 21h54. 363ème.

 

 

 

 

 

 

 

Là, c’est le grand jeu. On a droit à du boudin et des saucisses grillés ! Flo et J.Louis s’occupent de mon sac, changent mes pilent, tout en surveillant la cuisson des grillades.

Je me tape même un petit coup de rouge. P…n ! ça fait du bien. Merci les gars !

 

 

 

 

J’ai eu des nouvelles de Ma Poupette régulièrement, jusqu’à ce que son gsm rende l’âme. Plus de batteries. Mais elle avance, à son rythme. C’est bien, elle tient le coup. Elle va bientôt repartir de Cilaos.

 

 

 

 

Je file à la douche et me tape un petit somme de 10’. Steph en fait de même et nous repartons après 1h15 d’arrêt. Je me sens bien, mais Steph a sommeil.

Nous descendons  vers « fond Mafate », par le fameux Bronchard. Faut rester vigilant. Les à pics sont vertigineux. On double pas mal de monde là-dedans. Nous voilà à nouveau au fond de la rivière des galets. Après un peu d’équilibre sur les galets humides et une échelle à flan de rocher, on attaque la fastidieuse remontée vers La Nouvelle. Là, faut pas se déconcentrer.

Le sentier est étroit, à pic, en surplomb. J’ai toujours du mal avec la montée, mais Steph reste derrière et me fait la causette, histoire de ne pas s’endormir.

 

 

 

 

La Nouvelle. Km97. samedi 1h24. 358ème.

 

 

 

 

 

 

 

Tiens, on a gagné 5 places en s’arrêtant une heure au dernier ravito… Les raiders sont raides. La deuxième nuit va commencer son travail de sape.

Il fait à peu près 2 ou 3° ici, ça caille un max ! Une soupe, deux soupes, un café.

« on y va Steph ? »

« ….sommeil » marmonne-t-il.

« Allez, si tu cales là dans le froid, tu vas pas repartir de sitôt. »

« humf…. »

 

 

 

 

C’est reparti. Tiens, il y a là aussi Cédric, une connaissance du forum. Il repart avant nous.

A peine reparti, je décide de mettre un collant. Steph qui a peur de s’endormir debout continue. Je peine à relancer. Il « file ».

Je m’arrache péniblement dans la montée vers la plaine  des tamarins. J’y arrive enfin. Là le sentier traverse un plateau à la végétation fantomatique. Je crois voir des coureurs, ce sont des troncs d’arbres… Et puis je m’endors. Oui oui, là debout, en marchant. Pouf ! Extinction des feux. Je manque me casser la gueule et pose in extremis mon cul sur un galet.

Ben mon gars, là, t’es pas clair. Je m’enfile deux guarana, je grignote un peu de pâte d’amande, et je repars, prudemment. Merde alors ! c’est pas le moment de dormir là.

A quelques centaines de mètres un grand feu illumine le sous-bois. Quelques bénévoles de la Croix rouge se réchauffent au coin du feu et avec un bon Charrette. Steph est affalé de tout son long.

« je cale un peu là, j’ai trop sommeil »

Je m’allonge à côté du feu. C’est mouillé par terre, les bénévoles braillent comme des putois.

Pas envie de ça. Je dégage.

« steph, j’y vais, tu me rattrapera, comme d’hab »

 

 

Je me motive. Plus que quelques mètres d’ascension jusqu’au col de fourche avant de basculer dans le cirque de Salazie et embrayer sur 1600m de D- dans Mafate, via le sentier scout.

 

 

En haut du col le temps est superbe, le ciel étoilé, je n’ai plus sommeil. Un gars est en papillote dans sa couverture de survie…

« ça va ? »

« mouais, petite pause, je suis cuit »…

  Je bascule de l’autre côté. Oups, prudence, c’est gras par là, et je ne suis plus très frais. Mais je rattrape quelques zombies. A la route forestière, petit bivouac sympa. J’y retrouve un fournisseur qui tient le poste. Je bois vite fait un bon thé chaud et je repars.

  Col de bœufs / sentier Scout. Km105. 4h18. 309ème. 

 

 

 

La descente m’a ravigotée, mon classement aussi.

Tiens !? Bérénice, la sœur de Yan au poste de ravito.

«  Yan a arrêté, mal au genou »

« merde ! »

« j’attends Le Doc, alors autant me rendre utile »

Elle m’aide à ravitailler et je repars.

Je croise aussi Cédric.

« ça va ? »

« ça va, ça va »

Il repart tranquillement.

Un dernier petit bout de pain, et je file.

  Je me sens bien. Je connais bien le terrain. Ça descend et j’aime ça. Je sens en moi un semblant de pêche qui revient. Il serait temps ! Le randonneur du début de course a laissé (enfin !) la place au compétiteur.

Ça va chier !

Le jour se lève doucement pendant que je déboule dans le sentier scout. Je rattrape Cédric, apparemment pas trop à l’aise dans les descentes.

 Aurère. Km 113. 6h40. 283ème. Yes !

 Après une petite remontée bien casse-pattes, j’arrive avec joie au ravito.

Je me sens bien. L’an dernier, c’est là que ma tendinite m’avait obligé à l’arrêt définitif.

 

 Encore une assistance A2R. Je déleste mon sac d’une deuxième lampe inutile, de ma veste de pluie (il fait beau), et de deux ou trois conneries qui pèsent pour rien dans mon sac. 10’ minutes d’arrêt, et c’est reparti. Steph et Cédric arrivent ensemble.

Je fais remarquer à Steph que l’on peut encore passer sous les 40h de course. Allez, on y croit ! je file.

Ce nouveau let-motiv en tête, je dépose encore pas de mal de raiders dans la descente vers Deux Bras.

 

Deux-bras. Km123. 7h54. 252ème.

 J’arrive là remonté comme une pendule. Le timing de ce que je dois y faire est minuté.

Je me change, remplie ma poche à eau, mange une orange et une banane, et c’est reparti.

23’ d’arrêt.

Une petite traversée de rivière un peu délicate, et j’attaque la terrible remontée vers dos d’âne (d+ 800m). Je me tape un ou deux gels, histoire de pas me faire un hypo et j’essaie de monter régulièrement, sans à-coups. Passé la première partie jusqu’à l’échelle et les mains courantes, je me retrouve à l’ombre. Le sentier est agréable. Une légère brise me caresse le visage.

Je me déconnecte de la course. Je savoure. J’écoute les oiseaux, j’admire les feuillus. Je souffle. Ti lamp ti lamp comme on dit ici, j’arrive à l’église de Dos D’âne en 1h30.

Comité d’accueil A2R, ça fait du bien. « allez Joël !! » C’est Flore, la copine de Steph et René. Ce dernier m’accompagne jusqu’au stade où se trouve le ravito. Il fait une chaleur à crever, et après deux nuits blanches, j’accuse le coup.

 

 

Dos d’âne. Stade. Km 130. 10h24. 246ème.

 

 

J’ai du monde pour m’aider, c’est sympa. René, Hélène et son mari. Ils me félicitent, me donnent des bonnes nouvelles de ma Poupette. Je suis hyper crevé, mais content. Je sais que je vais finir, et que Line aussi, beaucoup plus tard, mais elle finira, je le sais. 

 

 

Je me restaure à l’ombre d’une tente. Je remarque une raideuse, Muriel Denis que je connais comme cliente, et aussi pour ses bonnes places sur les courses de montagne. Je ne la savais pas adepte du GRR. C’est son sixième m’apprend-elle …

On repart ensemble.

La remontée vers « roche verre bouteille » est un vrai calvaire en cette fin de matinée très ensoleillée. Un chemin de croix. Je marche à 2 à l’heure. Muriel papote et me raconte sa course. Mais comment peut-elle encore parler ?!

On en finit enfin avec ce raidillon, et nous voilà sur la crête. Une dernière bifurcation sur la gauche : en route vers St Denis ! On papote, mais on reste dans le tempo. Bon, d’accord, en montant « piton batard », plus personne ne parle : mais c’est le dernier escalier vers la délivrance ! Quelques raiders nous remontent.

« dis donc, on va pas se faire reprendre les places durement gagnées quand même ! »

« t’as raison, allez, en footing jusqu’à l’arrivée » 

C’est vrai que je n’ai plus besoin de la hargne du compétiteur pour avancer. Je sais que là, je suis pratiquement arrivé. Je savoure.

Colorado. Km145. 13h43. 233ème.

J’aime bien Colorado. C’est le dernier ravito, c’est l’arrivée moins une heure.

 

Muriel a tendance a jouer relâche. Je la booste un peu pour finir en trottinant 

Ça y est , on voit le stade, on entend les commentaires du speaker.

On passe sous le pont, une dernière ligne droite sur la route qui mène au stade. Comme c’est bon. J’ai les larmes aux yeux. Les spectateurs nous félicitent, nous encouragent.

J’aperçois ma sœur et mon beauf, on rentre enfin sur le stade. Plus que deux cent mètres.

Domi, Soul et Taz sont là et me félicitent. Je laisse passer Muriel devant, et on franchit la ligne.

 

La Redoute. Km150. 14h49, 38h49 de course. 233ème. (14ème V2 / 167)

 

Je remercie Muriel pour son agréable compagnie, j’embrasse ma sœur, les copains. Ça y est, c’est fini. Mais quelle aventure, quelle course !

 

Je pense tout de suite à Line qui doit encore être quelque part dans Mafate. Courage, courage !

 

Steph arrivera 50’ plus tard et Le Doc dans la soirée, à l’arrache.

Notre équipe est allée au bout, ça c’est top !

 

Cédric finira aussi dans la soirée.

 

Un grand coup de chapeau à Line qui finit en 55h et trois nuits sans dormir sur les sentiers défoncés de La Réunion.

 

Bravo Ma Poupette. Belle leçon de courage.

 

 

 

 

 

 

 

 

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14 octobre 2007 7 14 /10 /octobre /2007 15:56

J-4 avant le Grand Raid 2007, je vais me lancer dans le préparation des sacs de ravitaillement, j’en profite pour vous livrer le type de nourriture que je vais ingurgiter pendant ces … trentaines d’heures si tout va bien. N’ayant qu’un Grand Raid dans les pattes, et à peine deux ans de passif sur les longues courses, mes menus sont loin d’être figés et évoluent encore suivant les retours d’expériences de course mais surtout d’entraînement.

 

 

 1 / La préparation :

-         10 jours avant la course, une petite cure de la pastille magique : le Berocca ! Concentré de vitamines & oligoéléments, ça sert à arriver en forme sur la course, d’éviter éventuellement de chopper un rhum juste avant, et de lutter contre le léger stress du départ (magnesium)

-         petit complément alimentaire pour assouplir et « huiler » les articulations, souvent mises à rude épreuve par les longs entraînements de l’année (extrait de bambou, prêle, cartilage de requin…)

 

 

2 / des ptits plaisirs /

sur des longues, il s’agit de s’alimenter avec des produits que l’on apprécie… après 20 h de course, les lassitudes digestives font que plus grand chose ne passe, sauf si l’on aime vraiment ! C’est jour de fête et je me lâche : Brownies, compotes et Papy Brossard, waouou !!

 

 

3 / la tasse de café :

Pour lutter contre la fatigue (deuxième nuit notamment), et essayer tant bien que mal de se maintenir éveiller : 3 tubes de Guarana (produit naturelle de la forêt amazonienne, goût dégueulasse attention, à avaler d’un coup !)

 

 

4 / Pratique !

Rapide, simple d’utilisation, je prends pas mal de gels sur moi, les décat’ goût fruit rouge, ils passent bien.

 

 

5 / Un peu plus consistant…

Pour caler un peu plus l’estomac, j’embarque aussi les traditionnelles barres énergétiques, dont certaines plus riches en protéine pour garantir l’intégrité des muscles, et apporter les acides aminées indispensables pour leur réparation.

 

 

6 / Les classiques :

pâtes d’amande et pâte de fruits pour varier les plaisirs

 

 

7 / Du salé !!

Beurk ! au bout d’un certains temps en course, à force d’avaler que du sucré, on a envie de passer à autre chose ! Donc toujours avoir sur sois des trucs à saveur salée. Moi c’est des cacahouètes et soupes aux ravito.

 

 

8 / La passion magique

Chaque coureur a sa recette secrète que l’on garde de père en fils pour se faire sa boisson énergétique. Je vais vous dévoiler ma mienne :

-         ½ d’énergie longue durée (Malto)

-         ¼ d’énergie rapide (Glucose)

-         ¼ de produit de récupération

que je prends très diluée, je suis un gros buveur (jusqu’à 1L/h)

 

 

et en plus de tout ça, quelques verres de coca salé aux ravitaillement plus quelques assiettes de pâtes.

 

 

Et rougaille saucisse à l’arrivée ! ,o)

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9 août 2007 4 09 /08 /août /2007 12:24

 RAID DE L'YLANG

- La Course aux 7 erreurs -

C'est un angle quelque peu particulier que je choisis de prendre pour vous compter mes mésaventures Mahoraises vécues en ce triste et sombre jour du 29 juin 2007. Aussi, chers coureurs, voici les 7 erreurs à ne pas commettre si vous souhaitez, à l'inverse de votre serviteur, venir à bout du terrible Raid de l'Ylang de Mayotte.


Erreur n°1 : la préparation prime-t-elle ?

Si l'entraînement est une chose, il ne fait pourtant pas tout. Ma première grosse erreur aura été de penser que les seules heures d'entraînement consacrées à mon sport de prédilection suffiraient à elles seules à me garantir une arrivée sans souci. Eh bien non ! si la préparation est une composante nécessaire à la réussite de mes objectifs, elle n'est hélas pas suffisante.

Erreur n°2 : Fraîcheur et repos pour un cocktail détonnant...

Ce manquement constitue « l'erreur du débutant » par excellence. Prendre le départ d'une aventure longue d'une trentaine d'heures d'efforts solitaires avec la jauge d'énergie « sur réserve » et son stock de fraîcheur sur « +40°C » ne peut conduire qu'au chaos absolu. Sans vantardise déplacée, je me considère à ce jour comme un ultra trailer averti, et pourtant... Les signes précurseurs se sont fait connaître bien vite : fatigue du matin, séances d'entraînements difficiles, humeur irritable (merci Cécile), fébrilité, sentiment que vous courez après le repos sans jamais pouvoir vous en saisir...

 


 

 

Erreur n°3 : Un ultra trail de 145 bornes, facile ! Fingers in the nose...

Joël le vieux lion et Yan le fougueux guépard m'avaient pourtant mis en garde : « cette course est un véritable guet-apens où « snipent » des dizaines de coureurs embusqués, où chaque rayon de soleil te transpercent la peau, où l'atmosphère saturé te confisque les moindres molécules d'O2, un supplice orchestré par Mohamed II en personne ! ». Bon, ok, j'en rajoute un peu, ils parlent pas aussi bien mes dalons d'A2R mais qu'est-ce qu'ils rugissent fort... Revenons en au sujet, je m'égare... Je me remémore encore les heures qui ont précédé mon calvaire : « 3 tronçons de 8 heures, je la joue facile jusqu'à Miréréni puis j'attaque »; no souci ! « Pendant ce temps, Yan, tu te fais un brushing à Soha et un lifting à Bandrélé ». Des vacances quoi ! Ah, j'oubliais, « on se démerde quand même pour finir 3 et 4 , histoire de... » Ouais... Voilà une bonne leçon à retenir, une course de ce calibre, un ultra de 150 bornes, ça se respecte bordel, ça se gagne, ça se transpire, ça se supplice, ça se transcende bref ça SE MERITE.


Erreur n°4 : Lucidité mon amour, où étais tu ?

Y a des jours comme ça où rien ne semble fonctionner : erreur d'orientation 15' après le départ (perte d'une demi-heure environ), médaille porte-bonheur qui lâche au bout d'une heure, élastique de casquette qui rend l'âme en plein soleil de midi, kamel back mal fermé occasionnant une perte sèche de « mon précieux » ( et à peu près au même moment que la casquette...); bref, quand les éléments semblent s'être ligués contre vous et s'acharnent pour contre-carrer vos plans, il convient de garder « sang froid » et lucidité. Lever le pied, s'alimenter convenablement, boire plus que de raison et positiver mentalement en se disant que les choses ne pourront QUE s'arranger... Cette gestion du « tout va mal » constitue pourtant un de mes points forts, je ne m'affole que très rarement et parviens plutôt bien à garder le cap mais visiblement pas ce jour là. En voulant m'accrocher, me battre, me débattre, en découdre avec « cet ami qui me veut du mal », je n'ai fais qu'agrandir l'ornière dans laquelle je m'enlisais. Un peu à l'image des sables mouvants : au plus vous vous agitez, au moins vous survivez. Et en ce 29 Juin, j'y suis allé de « bon coeur » ! au firmament de l'astre RAMSES II (cousin de MAHOMED). Je me vois relancer le rythme, allonger les foulées sur les parties roulantes, épuiser peu à peu les quelques calories que mon corps semblait vouloir encore m'accorder.


Erreur n°5 : A la poursuite des dalons perdus...

Le grand classique mon Seb ! Dans le top 10 de la connerie, je le place volontiers en « number one ». Alors que mon début de course semblait aussi réussi que l'entâme de match de la France contre l'Angleterre lors de la coupe du monde de foot de 1982 (but dès la 45ème secondes), je me suis mis à vouloir suivre le rythme de mes deux dalons, Yan et raph, visiblement dans une bien meilleure forme physique ce jour là. Pas longtemps, je vous rassure, trois petites heures et puis s'en vont... et qui m'ont coûté très chères puisqu'à l'origine de crampes, fatigues et autres petits désagréments. Dans un ultra, seul compte votre propre rythme, n'écoutez que vos sensations rien que vos sensations et dites "inch allah".


Erreur n°6: Casser, oui, se déshonorer, jamais...

S'il est permis de réaliser un grand nombre d'erreurs sur un ultra (et ABDALLAH II pourra en témoigner), il en est une que je considère comme inadmissible : l'ABANDON. Attention, j'en appelle à la raison des dieux tout puissants, pas un arrêt contraint par une blessure meurtrissante, celle qui pourrait vous anéantir à vie. Non, moi je parle de l'abandon du « ras le bol », du « plus de jus », du « peux plus », du « je veux mon lit tout chaud et mon bol de cacao ». Cet abandon là me laisse un tel arrière goût dans la bouche (et pas que de chocolat), un tel sentiment de honte et de gâchis que je le dis haut et fort : PLUS JAMAIS CA.


Erreur n°7 : ...

Et si la 7ème erreur n'en était pas une, justement ? Si elle consistait à tirer de vrais leçons de cet échec, à repartir de l'avant en capitalisant l'arrière, en analysant au mieux les raisons d'une telle débâcle et en y apportant les améliorations qui s'imposent. Il n'y a pas d'échecs en ultras, seulement des expériences. Alors, chiche, rendez vous au prochain Grand Raid avec un Seb le couteau entre les dents et de la suite dans les idées...


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1 août 2007 3 01 /08 /août /2007 06:32

QQ nouvelles de Cilaos, ou l'observation d'un spectateur assistant posté au départ puis à mi-parcours, sur une épreuve constitué de 2 boucles quasiment égales, soit 2 x 21km:

1- Départ à 7h pétantes devant la maison de la montagne, sous un soleil ...pas encore là, mais le ciel presque dégagé n'attend que lui : 6 1/2  A2Riens perdus au milieu d'environ 300 compères et commères, soit Sandrine; Doc, Flo, Joël; René; Yann + Raph venu en lièvre de luxe. Je note tout de suite ceux? qui ont oublié la tenue de rigueur...j'ai les noms.

2 - Au ravitaillement situé au départ du sentier de la chapelle, en bas de Cilaos pour ceux qui connaissent :

- 9h35 passage de Yann, un peu juste, des crampes, l'estomac instable, mais qui repart après avoir fait le plein

- 9h45 passage de René, assez frais, suivi de Raph à la peine, à tel point qu'il s'arrêtera pour souffler un peu et attendre Sandrine qui sera plus à son niveau !!! Après qq verres d'eau, René repart à la poursuite de Yann.

- 10h passade du Doc, frais comme un gardon de l'année. Tout juste s'il s'arrête. Il semble pressé d'en finir et avide d'en découdre...

- 10h 15-20, passage de Sandrine. Le temps d'un petit sandwich, d'un petit rafraîchissement, et la voilà repartie. Raph a tout juste le temps de prendre sa roue.

- 10h 20, passage de Flo, pas très frais (visible aux ouies). QQ velléités de rejoindre la voiture balais, mais 1 A2Rien, ne lâchant jamais prise, courageux il repart.

- 10h 25, passage de Joël qui a oublié ses poumons au Guillaume ! - mauvaise blague ! c'est une espèce grippe . Il repart quand même en se disant que cela va s'arranger.

Et pendant ce temps là, le soleil s'est levé, est monté et il chauffe: vite un peu d'ombre, 1 dodo, et les doigts de pied en éventail. Mais attention à ne pas s'endormir, les premiers arrivent.

- 11h 09 Técher, puis Técher, puis Técher puis....

- 12h 57 René - 2ème V2, une superbe coupe, le plus beau fan club de l'épreuve, le plus bruyant en tout cas à la remise des coupes

- 13h 21 Yann, bien remis après un passage à vide

- 13h33 Doc, un peu moins frais qu'à mi-course. Heureusement !!

- 13h 56 Sandrine - 9ème féminine. Trop court pour ses capacités . Battue sur le fil par un galant homme, après un sprint effréné ! C'est si dur d'être battu par une femme ?

- 13h 58 Raph, essouflé rampant...il a tenté de suivre Sandrine ! et non classé

- 14h 05 Joël. Il respire encore, et même un peu mieux qu'à mi-course.

- 14h 07 Flo. Bcp mieux qu'à mi-course. Pourquoi s'est -il arrêté ? A ce rythme là, c'était la pêche d'enfer à 19h pour le pastis!.

C'était le trail de Cilaos qui s'est terminé par la tombée du rideau de brouillard juste après la remise de la coupe à René, sous la plus belle des ovations.

A la prochaine fois.

J-Louis

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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 09:15

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